Sans certitude, je crois que c’est parce que ma bibliothèque municipale en a fait un coup de cœur que je me suis procurée ce roman.
Pauline vient de se faire plaquer. Mariée, mère de trois enfants en bas âge et parfaitement heureuse, elle découvre que son mari la trompe depuis quelques mois déjà, et avec sa meilleure amie à elle. Il la quitte. C’est la déchéance, la chute, le désespoir total, la « doulhaine » comme elle l’appelle, ce mélange de douleur et de haine. Elle a envie de tuer son mari, de se tuer mais la présence de ses enfants la retient. Comble de chance, de malchance ? Son ex-meilleure amie se fait étrangler dans son appartement et meurt (j’ai d’ailleurs eu du mal à comprendre ce choix de l’auteur : le meurtrier est mis sous les verrous et on n’entend plus parler de lui. Pourquoi avoir voulu faire disparaître la nouvelle compagne de l’ex-mari ?). Bref, le tableau est noir, très noir. La mère de Pauline, psy de métier, vient à sa rescousse et la secoue sans la consoler. Pauline finit par se rabattre sur les sites de rencontre, sans succès d’abord. Elle rencontrera Max, un homme bien plus âgé qu’elle qui deviendra un ami et confident. Elle sortira doucement la tête de l’eau lorsqu’elle recommencera à travailler.
Le ton est larmoyant à l’excès, Urien manie la métaphore (filée de préférence) à merveille et le texte, sur un thème tristounet, devient comique et cynique. J’ai beaucoup souri pendant la lecture de ce roman, qui, même s’il est plutôt léger, dissèque bien les souffrances de la femme trompée et délaissée.
Une belle découverte en définitive, un style intéressant, à suivre…
Ø L’explication du titre : « Imaginez une balançoire. Pas celle qu'on accroche aux arbres et sur laquelle on monte seul en agitant les jambes, non : celle constituée d'une longue planche reposant en son centre sur un point d'appui surélevé. C'est le poids des personnes assises en vis-à-vis qui permet d'alterner les envolées. Les hauts et les bas. En admettant que les personnes en question soient d'un poids comparable, d'une carrure équivalente, et surtout dotées du même coup de reins, on obtient un certain équilibre ; un balancement, sinon agréable, du moins régulier, qui permet de se croire installés, tranquilles, lancés pour la vie.
Tu parles.
Car soudain, vous regardez ailleurs — ou vous ne regardez rien, peut-être éblouie par le soleil qui brillait si fort ce jour-là et vous réchauffait, vous faisait sentir foncièrement vivante et heureuse, confiante et aveugle. Vous ne regardez pas et alors, au moment même où, comme à votre habitude, vous ne doutez de rien, votre vis-à-vis disparaît, s'escamote d'un coup. Vous vous retrouvez brutalement les fesses dans le sable. Et le cœur dans la gorge. Il n'y a plus personne en face, le jeu est fini. L'arrière-train cuisant, vous vous souvenez à ce moment précis que, quand vous étiez enfant, ce genre de balançoire était également désigné sous le terme de tape-cul.
Votre partenaire a sauté en plein vol, il s'est jeté de la balançoire, vous laissant seule et meurtrie, la tête emplie de questions, le ventre plein d'appréhension, déjà tordu des réponses à venir. »
Ø Un matin comme tant d’autres … : « Et bien sûr, ce matin, je me réveille morte, comme prévu. Comme chaque matin, en fait, depuis qu’il m’a quittée. Rien de neuf sous le soleil qui brille dehors comme s’il s’en foutait.
Toutefois, sans revenir complètement à la vie, je ne peux guère me permettre de rester trop longtemps décédée : ce soir, je récupère en effet un lot de trois enfants avides de retrouver leur mère et prêts à lui faire payer, par divers caprices et sautes d’humeur, l’explosion de la bulle familiale. Et peu importe qu’elle – leur mère – ne soit pour rien dans ce rime ordinaire. »