Quelle jolie découverte que cette pièce en deux actes !
Célestin se laisse entretenir par sa maman. Il a du mal à quitter le giron maternel même si elle l’agace souvent. Ses passions : la mer, les poissons, la pêche le font rêver et sa famille, sa sœur, Diana, son beau-frère, Alberto, sa mère envahissante, le tancent souvent à cause de cela.
Par la force des choses, secoué par le train-train, les obligations, les responsabilités, Célestin se trouvera contraint d’accepter un travail dans un bureau, de se marier, d’avoir un enfant. Il paraît dépassé par ce qui lui arrive qui l’éloigne un peu de son rêve : devenir pêcheur.
Une double réflexion : celle de la liberté individuelle, être ou non un mouton de Panurge, aller à contre courant ou suivre le mouvement, laisser éclater ses envies… mais je crois que l’auteur titille aussi la lâcheté masculine. Si Célestin étouffe de ne pouvoir vivre la vie qu’il voudrait, il est aussi un grand gamin qui se laisse faire, se montre veule et indolent. En arrière-fond, notre monde fait d’hypocrisie est peint avec la cruauté qu’il faut. Tout le monde ment, joue à être quelqu’un d’autre ; c’est la grande comédie des apparences.
Que dire de plus à part que j’ai adoré ! C’est bien écrit, c’est poétique, rythmé et on ne peut s’empêcher de rapprocher ce conte à l’univers d’un Kafka ou d’un Ionesco. A lire !
Réflexion sur le bonheur : « je pensais que le bonheur devait ressembler à un furoncle qui vous pousse : on ne peut pas ne pas s’en apercevoir. Tandis que là … Je sais que je suis heureux parce que tout le monde me le dit, mais je ne le sens pas vraiment. Je pensais que, dans ces cas-là, on devait avoir envie de crier, de chanter… Mais non. Rien. »