J’ai démarré ma lecture avec un a priori relativement négatif. J’avais rencontré Joseph Joffo lors d’un salon du livre, il m’a presque forcée à acheter ses bouquins en s’en vantant de manière outrancière. Gardant un souvenir ému d’un Sac de billes (qui ne l’a pas lu ?), je me suis résignée à attaquer ce roman-ci. Plutôt qu’un roman, je dirais qu’il s’agit d’un ensemble de nouvelles, de contes et de fables.
Liza, personnage d’un tableau, parle à l’auteur/narrateur. Elle a vécu de multiples vies et lui explique que « l’amour est à la portée de tous » ; elle illustre son propos par divers exemples qui constituent le livre lui-même. La plupart des textes sont des contes ou des fables :
- Le dialogue de sourd entre une pie voleuse et un grand duc.
- La princesse qui trouve l’amour par hasard.
- Le rouge-gorge qui, à l’image de Jésus, se fait houspiller par les siens parce qu’il prône la paix et sème la bonne parole.
- La conversation entre le point et la virgule, toujours en rivalité.
- Le récit d’un musicien savant et fou à la recherche de la « huitième note » qu’il trouvera dans le battement de cœur de sa bien-aimée. « Quelle jolie musique que celle du cœur d’une femme amoureuse ».
- Le complexe vite oublié d’un homme par rapport à son frère jumeau « parfait ».
- Le prince d’une galaxie, qui, trop gâté, finit par voir disparaître son père métamorphosé en statue de chocolat.
- Des jeux de mots autour de la notion « être con ou ne pas être con » (qui a un sacré arrière-goût d’un sketch de Raymond Devos.)
- Des réflexions sur le choix entre polygamie et monogamie.
Une grande variété donc, de genre, de thème mais aussi de qualité. J’ai apprécié les textes en général, de petites histoires plaisantes parfois édifiantes, mais le lien que Joffo fait entre ces textes m’a paru très artificiel. Cette Liza conteuse qui sort du tableau (on devine facilement de qui il s’agit quand on l’associe au titre) a un rôle de sage ou de sainte, et on ne sait pas trop pourquoi. Personnellement, je n’ai pas compris ce choix et ça m’a gênée.
Les contes revêtent un parfum oriental tout à fait agréable et prennent une dimension populaire (sans que cela soit péjoratif). L’héritage de La Fontaine plane sur quelques pages :
« -C’est sûr, ses excès de langage, son verbiage risquent de semer la perturbation dans la population ! avait déclaré le faucon.
-Absolument, avait surenchéri la buse, qui était pourtant dans l’opposition. Celui-ci va bientôt nous faire une révolution… Qui peut dire où cela risque de nous entraîner ?
-Que peut donc vouloir cet oiseau de malheur ? avait ajouté le vautour qui, comme toujours, parlait sans détour. »
Même s’il manque un peu d’originalité, le livre aurait pu me plaire pour de bon si Joffo avait fait dans la simplicité.
Je termine par cette affirmation terrible que j’aimerais pouvoir vérifier : Les juifs pieux disent chaque matin dans leurs prières : « Merci mon Dieu de ne pas m’avoir fait femme » !