C’est en livre audio que j’ai découvert cette saga familiale américaine. Vingt-et-une heures d’écoute !
En faisant constamment mumuse avec la chronologie, l’auteur nous raconte l’histoire d’une famille, les Berglund.
Il y a d’abord la mère, Patty. Adolescente, elle a été une excellente basketteuse. Un viol, que ses parents ont demandé de taire, a changé sa vie. Jeune adulte, elle tombe amoureuse de Richard, un guitariste en vogue, mais épousera finalement son meilleur ami, Walter. Ce dernier, fou amoureux de sa femme, va petit à petit se lasser de son désamour et se jeter corps et âme dans un mouvement écologique fanatique qui prône la non-reproduction. Joey, le fils, découvre la sexualité avec sa petite voisine qu’il essaye par la suite d’évincer mais dont il ne peut pas se passer… Jessica, quant à elle, semble la plus équilibrée de la famille.
La plupart des infos parvient aux lecteurs grâce au journal intime de Patty. L’autobiographe nous dévoile sa vie et interpelle régulièrement le lecteur. On y trouve un melting-pot de genres : du mélodramatique, du comique, du scatologique, du sociologique, de l’historique (un petit chouïa, ça se passe sous l’ère W. Bush) mais ce sont surtout les portraits des personnages et leurs évolutions qui sont intéressants. La complexité des liens humains est à l’image du nombre de pages du bouquin ! Quant à mes réactions, elles aussi ont fait preuve de diversité : parfois épatée, rarement subjuguée, j’ai souvent été rebutée par la lâcheté des personnages, leur dimension cynique, cette écologie extrémiste –quelle horreur ! et le pessimisme ambiant. Encore un Américain détracteur de son propre pays ?
Voilà un roman logorrhéique que je suis bien contente d’avoir découvert en livre audio ! La version papier, je l’aurais sans doute abandonnée (par ennui) mais la voix de Pierre-François Garel dont on m’avait vanté les mérites, son talent d’acteur m’a vraiment permis de rester accrochée à l’histoire.
Je remercie chaleureusement les Editions Thélème !
« Pour passer le temps, Walter dressa des listes mentales de tout ce qui avait mal tourné depuis qu’il s’était réveillé au Days Inn. Accroissement net de la population : 60 000. Nombre d’hectares nouvellement couverts par l’urbanisme aux Etats-Unis : 400. Nombre d’oiseaux tués par des chats domestiques ou redevenus sauvages : 500 000. Barils de pétrole brûlés dans le monde : 12 000 000. Tonnes de gaz carbonique envoyées dans l’atmosphère : 11 000 000. Requins massacrés pour leurs ailerons et abandonnés flottant à l’eau : 150 000… Ces chiffres, qu’il remettait constamment à jour pour passer le temps, lui apportèrent une étrange satisfaction. Il est des jours si mauvais que seule la perspective qu’ils deviennent pires encore, seule une descente dans une véritable orgie d’horreur, peut les sauver. »