Avec ce billet, j’inaugure une nouvelle rubrique, celle des albums (pour Grands de préférence).
Et je commence fort avec celui-ci.
Coup de foudre sur catalogue, avant la lecture.
Eco, paru en octobre 2009, est le tome 1 de la série La Malédiction des Schaklebott. La couverture déjà se laisse admirer.
Le livre est un ouvrage au sens noble du terme, chaque page est soignée, peaufinée, embellie. En tournant une page, on pénètre un peu plus dans un monde magique et fantastique.
La petite Eco est la fille des Schaklebott, de riches couturiers. Ses parents sont tellement occupés, leurs créations sont si demandées qu’ils ne peuvent consacrer une minute de leur temps à leur Eco. La petite demoiselle s’ennuie… jusqu’au jour où, un soir de décembre, son père l’envoie livrer trois poupées dans leur coffret nacré à la fille du Ministre. Eco n’écoute que son cœur et offre les trois petites fées à une pauvre mendiante, « la princesse des nuages » et son enfant malade. Touchée par son geste généreux, la vieille offre à Eco des amulettes sacrées : « un bulbe de cactus, un cocon de ver à soie, un morceau de silex et une petite noix… ce sont les cœurs de quatre éléments essentiels. Glisse chacun d’entre eux dans un ventre de chiffon, et les poupées sans âme de tes parents prendront alors vie… »
Mais la bonne action d’Eco a de fâcheuses conséquences sur la famille Schaklebott. Le Ministre s’est montré furieux de ne pas avoir été livré, les courtisans et les notables l’ont soutenu en retirant toutes les commandes. Les Schaklebott sont désormais déchus, leur réputation est bafouée, et plus que jamais, les parents d’Eco méprisent leur fille.
Le monde de l’enfant s’emplit de noirceur, de tristesse et de solitude. C’est alors qu’elle décide de confectionner quatre poupées. « Après les avoir rembourrées de vieilles plumes d’oie prises dans son oreiller, elle avait soigneusement fourré dans chacune d’elles une des babioles de la mendiante : le bulbe de cactus, en guise de rein pour Esope ; le silex, en guise de cœur pour Epictète ; la petite noix grise, en guise de cerveau pour Diogène ; et le cocon de ver à soie, en guise d’estomac pour Socrate… La princesse des nuages, toute de haillons vêtue, n’avait pas menti : les quatre poupées de chiffon avaient bel et bien pris vie… » Ces quatre petites créatures vont tenir compagnie à la petite fille, jusqu’au jour où un drame interrompt la monotonie de ses jours : elle découvre qu’elle devient femme !
Un conte étrange, onirique, qui oscille sans cesse entre fantastique, burlesque et poésie et n’est pas sans rappeler l’univers de Tim Burton. Le texte et l’intrigue restent simples, mais cette pureté rajoute au mystère du livre. Les auteurs confirment leur attachement au conte en y intégrant des citations du Petit Chaperon rouge et de Jack ou le Haricot magique.
Les dessins sont juste sublimes, du Gaudí, du Dalí, des couleurs chaudes, des courbes sensuelles, du clair obscur pour un monde féérique et surréaliste, où le regard de l’être revête une importance primordiale.
Un coup de cœur, un vrai !
Relisons-le en attendant la sortie du tome 2 !