Montagnes russes pour ce roman de jeunesse. J’ai aimé, j’ai soupiré d’ennui, j’ai été captivée, j’ai trouvé ça long, … mais au final, le positif prédomine tout de même.
Durango est un petit village perdu où vit plus ou moins harmonieusement une poignée d’habitants. Mona, Gordo et Mars font partie de ces habitants qui rencontrent, un jour, un homme d’une cinquantaine d’années surnommé Laïos et qui souhaite apparemment vivre dans ce village isolé. L’étranger est mystérieux mais, très rapidement, fait montre d’un talent hors du commun : il sait prédire la mort des personnes et ce don l’attriste au plus haut point : « mille fois j’ai espéré me tromper. Je crois que j’aurais préféré être aveugle plutôt que de voir au travers de la vie des gens. » La première partie se clôt sur un double drame : le père de Mona est mort en mer selon les prédictions de Laïos, et le devin, après un choc, perd tous ses pouvoirs tout en perdant l’usage de la vue.
Dans la 2ème partie, c’est le fils de Laïos, alias Marc Dype, qu’on accompagne : Etienne. Le jeune homme, à dix-huit ans, veut retrouver son père qui a brusquement abandonné sa famille quand Etienne était enfant. Périples dans le Sud de la France.
La troisième et dernière partie réunit père et fils, comme on pouvait s’y attendre, mais dans des circonstances qui frôlent la tragédie : Etienne manque de mourir. Rassurez-vous, tout ça se termine plutôt bien. Etienne et Marc se retrouvent pour exercer le même pouvoir : la prédiction.
L’histoire est sympathique, on pourrait apprécier les références œdipiennes, pourtant c’est surtout ce point qui m’a posé problème : c’est un peu le bazar. Comment un élève de 6è-5è à qui ce livre est destiné, peut-il savoir qui est Laïos ? et puis, ce n’est pas Laïos qui est devenu aveugle mais Œdipe ! Chez Sophocle, ce n’est pas Laïos qui avait des dons de voyance, mais Tirésias ! L’auteur mêle les références qui semblent être plus des clins d’œil qu’un réel moyen à l’ado de s’instruire. Il y a l’hôtel de Colone, l’hôtel de Thèbes, le café Tirésias, mais ensuite ? on ne fait pas grand-chose de ces noms-là. L’écrivain aurait pu s’en abstenir.
J’ai cependant passé un bon moment, ce village a un petit quelque chose de mystérieux et les « capacités psychiques » particulières de quelques personnages amènent à réfléchir sur le sens de la destinée et de la fatalité, et ne manqueront pas d’impressionner les jeunes lecteurs. Je suis même sûre qu’ils tenteront le jeu de cartes qui est proposé afin de savoir s’ils font partie de l’élite, des « Sensitifs » : « il y a vingt-cinq cartes dans ce paquet ; chacune porte une figure : une étoile, un cercle, une croix, un carré ou un triangle. Cinq cartes de chaque figure. (…) A vous de deviner la figure de la prochaine carte que je retournerai. » Il s’agit bien sûr de faire un score proche du sans fautes !
Un polar original à mettre entre les mains des jeunes ados cet été…