Enfin, enfin, je découvre l’écriture de cet auteur tant vénéré par certains et effectivement, je n’ai pas été déçue !
En 2001, lors d’une visite au Louvre, Gillian tombe sur une œuvre qui la laisse complètement interdite : « une sculpture en bois, primitive, anguleuse, apparemment féminine, le visage long et brutal, les yeux vides, une balafre en guise de bouche » qui lui permet de se remémorer ses vingt ans : alors étudiante américaine, elle était amoureuse de son professeur de littérature, Andre Harrow. La situation pourrait sembler banale mais en réalité, la plupart des étudiantes d’Andre étaient attirées par lui. L’épouse du professeur, la mystérieuse et fantasque Dorcas, passait pour une originale, sculptrice excentrique, elle exposait des totems féminins au corps obscène et déformé. A partir du moment où Andre lui offre son premier baiser et où Dorcas vante la beauté de ses cheveux, Gillian sera plus qu’envoûtée par le couple.
Alors que Gillian obtient toutes les faveurs de Dorcas et Harrow, elle soupçonne les autres étudiantes d’être passées par là aussi et de ne pas en être ressorties indemnes : l’une tente de se suicider, une autre refuse toute nourriture, une troisième allume des feux sur le campus… L’aura du couple s’apparente à un pouvoir malfaisant et satanique, et seule Gillian saura y mettre fin.
L’écriture est d’une fluidité qui empêche le lecteur de reposer le livre et l’intrigue est tout autant captivante ! La domination absolue qu’exerce le couple sur les jeunes filles m’a fascinée. Entre autres images, je retiendrai la requête du professeur de lettres : après avoir demandé à ses ouailles d’écrire des poèmes, il leur ordonne d’écrire et de lire à voix haute des pages de leur journal intime. Les filles rivalisent de détails intimes, sexuels et sordides pour plaire, par leur originalité, au grand professeur.
Bien sûr que j’ai envie, maintenant, d’approfondir l’œuvre de Joyce Carol Oates !
« Dans l'amour de loin, il faut inventer tant de la vie. Dans l'amour de loin, on apprend les stratégies du détour. »
« Elles avaient été droguées .Comme moi.
Elles avaient été amoureuses. Comme moi.
Elles garderaient toujours leurs secrets. Comme moi.
Nous sommes des bêtes et c'est notre consolation. »