« J’étais Cendrillon au pays du luxe cruel et des révélations fracassantes mais nul carrosse ne m’attendait au dehors ».
C’est toujours pareil : un livre connaît un gros succès, je lis de nombreux éloges à son sujet, je finis tout de même par l’acheter (un peu à contrecœur, allez savoir pourquoi…), et j’en attends beaucoup beaucoup. Et presque inévitablement, je suis déçue.
Est-ce que j’ai été déçue ? Je ne dirais pas cela. Trois étapes dans cette lecture.
D’abord les cent premières pages qui m’ont fait penser à Twilight. Désolée, mais oui, cette histoire d’amour entre la jolie fille timide et le plus beau type de la terre, c’est un peu pareil, vampires mis à part. Le roman commence par un accident : Anna Claramond, dix-sept ans, a été renversée par une limousine blanche. En sort, le plus beau, le plus charismatique, le plus envié et le plus riche des jeunes hommes : Wynter Seth-Smith. Une attirance réciproque rapproche immédiatement le deux ado mais Colin sait chatouiller notre inquiétude avec des comparaisons et des métaphores surprenantes et grondantes : « Le sourire de mon sauveur me frôla telle une lame ». Le type est aussi beau que riche, outrageusement, fabuleusement. Ils se quittent mais il lui fait promettre de se revoir très vite et il l’invite dare-dare au fameux Bal de Givre. Seulement Anna semble avoir oublié un pan de sa vie, elle ne se souvient plus vraiment du visage de ses parents, elle ne sait où ils se trouvent, pense qu’ils sont partis à l’étranger ; ces éléments ne la perturbent pourtant pas tellement.
Je prendrais le Bal de Givre comme élément déclencheur de la deuxième partie. Un Masque, un mystérieux kidnappeur rôde dans New-York depuis des jours et des jours, et, le soir même du Bal, il tente d’enlever Anna, avant de se volatiliser. On met les deux pieds dans le fantastique. Et là, je me suis dit que ce genre n’était peut-être pas vraiment pour moi. Je me suis posée mille questions, j’ai été étonnée par les descriptions, les portraits, les objets, les personnages, tous plus insolites les uns que les autres : un majordome télékinésiste, un vin-de-songe qui est un révélateur de rêves, des plaies qui se ferment toute seules, une fée de givre qui offre une bague ; cette ville si bizarre, placée sous une verrière, ce garçon si parfait mais si pressant qui demande déjà la main d’Anna…
Et enfin, il y a l’épilogue, merveilleux épilogue qui sauve tout le roman ! J’ai adoré cette fin surprenante mais aussi forte, philosophique et … historique !
C’est blanc, c’est bleu, c’est froid, mais c’est surtout très étrange, envoûtant, délicieusement inquiétant, doucement effrayant, mystérieusement séduisant. Le Masque m’a fait penser à The Crow (pour ceux qui s’en souviennent !), je ne sais pas si le romancier s’en est inspiré mais que de ressemblances !
Un beau voyage que nous offre ici Fabrice Colin mais j’avais préféré celui-ci.
N.B. : la couverture me plaît toujours si peu, je la trouve d’un ringard…