Les personnages de la première de couverture avertissent le potentiel lecteur qu’il risque d’entrer dans un monde fantastique… qui n’est pas mon genre de prédilection mais la finesse et la beauté des traits m’ont convaincue.
Aristide est un petit garçon qui vit avec son père, spécialiste et observateur d’oiseaux très particuliers. Un jour, en apercevant une authentique lurette, ce magnifique oiseau très rare, le vieil homme glisse en s’accrochant au nid de l’oiseau. Avant de tomber pour de bon, il avale un œuf qu’il a eu le temps d’attraper, un œuf magique...
Autre tableau : un pays où on a perdu le nord, au sens propre. Subissant les conséquences de cette « perte », un navigateur parti deux auparavant et pensant enfin atteindre et annexer une terre nouvelle, accoste sur son île de départ, Ponduche. Le roi du pays, s’est, quant à lui, amouraché d’une splendide princesse orientale et il s’entête à exaucer ses dix-sept caprices, comme le veut le rituel du pays de la jeune femme. Or, il s’avère que cette jeune femme est connue : le peintre du bateau ne peignait qu’elle, la vénérant et la haïssant tout à la fois. L’accusant d’être une voleuse de crônes, une vieille monnaie du royaume de Ponduche, le peintre conduit la belle devant les juges Hyacinthe et Absinthe mais avant même d’entendre le verdict, la superbe créature va s’envoler d’une manière pour le moins originale.
Tout est original, extraordinaire, ahurissant dans cette BD ! Les personnages sont souvent mi-humains, mi-animaux ou mi-humains, mi-autre chose (les « saugres » sont des êtres étranges, enfants des « clepsigrues ») et les situations sont plus absurdes les unes que les autres. L’intrigue tourne autour d’un seul thème : le temps. Avant la première planche, les auteurs nous présentent les « Chronoptères », ces insectes et oiseaux possédant un pouvoir magique lié au temps : la « Libellule Mémorantèle » permet à l’eau qu’elle boit de garder prisonnier un reflet, l’ « Abeille Rétromèle » produit un miel qui permet de revivre « de manière fugace un souvenir que l’on croyait enfoui ».
Moi qui ai failli bouder cet album, je ressors ravie de ce voyage à la fois absurde, comique et merveilleux ! Les dessins sont d’une beauté à couper le souffle, il faut examiner à la loupe chaque détail, finement ciselé. J’ai hâte de découvrir la suite !
» 18/20 »