Séduite par l’écriture et le style de l’auteur de Au revoir là-haut,j’ai eu très envie d’en découvrir un peu plus sur ce romancier. Je savais déjà que son roman lauréat au Goncourt était le seul à ne pas être un polar. Découverte en livre audio.
Alex est une jolie jeune femme sexy qui plaît facilement aux hommes. Un jour, elle se fait enlever dans la rue. Un promeneur est témoin mais personne de réclame la disparue. La police mène l’enquête : le petit Camille (1m45 !) au passé douloureux, Louis le richard, Armand le pingre. Ce qui peut surprendre le lecteur, c’est qu’on retrouve assez vite le bourreau d’Alex. Celui-ci a enfermé la jeune femme dans une cage suspendue à deux mètres du sol. Nue, elle a pour seule nourriture des croquettes pour animaux. Son tortionnaire veut la voir mourir à petit feu et lorsque des rats débarquent, attirés par l’odeur des croquettes, Alex sent que sa fin est proche. Lorsque la police est sur le point d’appréhender le coupable, ce dernier se tue en se jetant du haut d’un pont. Les enquêteurs mettent un certain temps à retrouver l’usine désaffectée où Alex est recluse et…, quand ils arrivent là-bas, la victime a disparu !
Pourquoi Alex s’est-elle sauvée ? Parce qu’elle a des choses à se reprocher ! Voilà le plus intéressant dans ce roman : on s’identifie à la victime qu’on plaint avant de comprendre qu’elle-même est une meurtrière. Un dernier retournement de situation nous permet de voir les faits encore différemment.
Certes, le thème de l’enlèvement et de la séquestration qui va avec a déjà été x fois traité dans les romans. Rien qu’ici, Twist, Miséricorde, Les Morsures de l’ombre ou encore Room ont déjà répandu leurs parfums de renfermé, de solitude et de supplice. Pourtant, Pierre Lemaitre se distingue, à la fois dans l’intrigue, subtile et plus psychologique qu’il n’y paraît au premier abord et dans le traitement des personnages aussi. J’ai retrouvé la dimension atypique qu’il aime leur donner, comme dans Au revoir là-haut. Ce ne sont pas être manichéens, en chacun d’eux, le mal se confronte au bien. La fin est bigrement bien réussie et le mot « vengeance » prend alors tout son sens.
Mention spéciale au lecteur Philippe Résimont dont j’ai beaucoup aimé la prestation. Le livre audio se clôt par une interview de l’auteur qui explique que ça lui fait bizarre d’entendre quelqu’un d’autre lire son propre livre, que lui-même lit beaucoup à haute voix mais qu’il ne l’aurait pas lu ainsi. Et je dois avouer que j’ai préféré la voix de Résimont à celle de Lemaitre (qui lit son Goncourt, paraît-il !). Encore une fois, le support audio pour le polar m’a paru excellent.