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25 août 2009 2 25 /08 /août /2009 14:30

       Une vraie découverte, un coup de cœur !



      Nancy Huston a une biographie en béton : Née au Canada en 1953, c’est le traumatisme créé par l’abandon de sa mère qui la pousse à écrire, à se nourrir d’imaginaire. Elle arrive en France à 20 ans et devient l’élève de Roland Barthes ! (c’est une écrivain-sémiologue-structuraliste-critique littéraire cité à peu près un millier de fois/seconde sur les bancs de la Fac de Lettres modernes…) C’est en traduisant un de ses romans de l’anglais au français qu’elle s’aperçoit que la traduction améliore l’original, et hop ! elle écrira tous ces prochains livres dans les deux langues ! Pour clore le tout, elle vit avec un autre sémiologue archi connu :Tzvetan Todorov ! Inutile d’ajouter qu’elle rafle de nombreux prix et concours ! Grande amatrice de musique, de préférence baroque et jazzy, elle aime faire résonner sa passion dans ses œuvres.

      Polyphonie, c’est le sous-titre du livre. Polyphonie de voix, de narrateurs qui permet à la fois de voir le même épisode sous des regards différents et de glisser d’une histoire à une autre, d’un personnage à un autre.
C’est le livre d’une naissance prématurée ; Maya est née à 24 semaines.
Le destin de trois femmes :
- Sofia, la « babouchka », la grand-mère russe, la pragmatique, la posée, la croyante qui parle à Dieu « merci aussi pour cette bonne plaquette de chocolat, c’est vraiment délicieux. Pardonne-moi si je ne me lève pas après pour me laver les dents une deuxième fois ».
Lara, sa fille, la pianiste qui veille sur son bébé prématuré, qui se bat pour sa vie et sa survie, qui lui inculque la musique et lui transmet sa passion du piano. Quand Maya aura grandi, qu’elle sera forte et montrera ses talents de « prodige », Lara finira par ne plus supporter la perfection de la musique de sa fille, en manque profond du sentiment d’utilité qui la portait tellement. Elle part acheter du pain et ne revient plus pendant des jours et des jours. C’est dans un état d’ « épuisement total » qu’on la retrouve puis surgit l’écho ou le refrain, les premiers mois de vie de Maya se mêlent à ce moment où c’est la fille qui veille sa mère, la rassure, lui parle, lui parle…
- Maya, la grande prématurée, la sauterelle, la libellule pour qui la musique est un « don de Dieu » mais aussi un amusement sans fin. D’autres personnages jouent les trémolos de ce trio féminin : Robert le papa de Maya parti parce qu’il était de trop dans la complicité mère/fille mais qui revient tous les week-ends malgré le divorce "c’est elles ensemble que j’aime, Lara-et-Maya en un seul mot, dans cette mystérieuse symbiose née de la chambre blanche, et qui m’exclut."
Lucien est le voisin fabricant de vitraux, triste d’avoir perdu sa femme.
Son neveu, Benjamin, est passionné de vers à soie et amoureux de Maya, de sa fraîcheur, de son enthousiasme, de sa franchise, de son innocence. 
L'auteur doit se retrouver dans le personnage de Lara puisqu’elle avoue que malgré sa passion pour la musique «J'ai toujours joué du piano dans le malheur. J'avais le trac, je ne me sentais pas assez bonne et, pendant les auditions, je perdais totalement mes moyens.»

   L’ensemble du roman est cependant une symphonie, une succession d’arpèges, on entend les notes, les voix, LA voix qui maintient Maya puis Lara en vie, la voix matriarcale de la sagesse.

Une très jolie partition !

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commentaires

S
c'est un très bon livre, bien écrit, et plein de tendresse! Une belle histoire sur la maternité
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A
Bonsoir,<br /> Effectivement ce roman de Nancy Huston semble valoir le détour. Merci pour la recommandation!<br /> A bientôt!
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