Si j’ai longtemps laissé traîner cet album dans ma PAL BD (qui est très pauvre), c’est sans doute parce que c’est un copieux pavé (281 pages).
L’autrice entreprend de passer en revue les écrivains les plus connus du XVIe siècle au XXe siècle. Elle explique qu’évidemment elle a dû opérer une sélection (surtout sur les auteurs les plus récents). Quelques exemples d’auteurs : Ronsard, Du Bellay, Montaigne, Rabelais pour le XVIe siècle, Corneille, La Fontaine, Pascal pour le XVIIe, Marivaux, Montesquieu, Voltaire pour le XVIIIe, Stendhal, Hugo, Zola, Rimbaud pour le XIXe et une sélection encore plus drastique pour le XX avec seulement Proust, Colette, Apollinaire, Sartre, Camus. De la naissance à la mort, elle passe par les inévitables topoï de la relation aux parents, l’éducation, l’amitié, les succès ou les échecs, la vie sociale, les amours.
Si je n’ai pas appris grand-chose (l’autrice dit entre les lignes destiner son ouvrage à des lycéens et étudiants), j’ai tout de même beaucoup apprécié revoir, réviser, me remémorer ce qui a constitué mes lectures de table de chevet pendant mes années fac. Et j’ai découvert des anecdotes que j’ignorais, certains textes aussi car de nombreux extraits ou des résumés d’œuvres sont proposés. Evidemment, il faudrait lire ce bon gros album par petites touches, piocher au gré de ses envies ou de sa curiosité mais comme je suis incapable de faire ça (mon cerveau refuse de lire deux livres en même temps !), j’ai tout lu dans le bon ordre chronologique, c’est parfois un peu répétitif et roboratif mais ô combien jouissif ! En bonne amoureuse convaincue de la littérature, je me suis bien amusée et j’ai aimé ce format ludique des images pour découvrir les grands Hommes. Ça m’a rappelé des mauvais souvenirs (De l’esprit des lois de Montesquieu ou La Princesse de Clèves) et ravivé les meilleurs (par quoi commencer ? Montaigne, Molière, Hugo, Zola, Sartre, Camus, entre autres). Des points communs entre les grands écrivains ? La religion qui leur met souvent des bâtons dans les roues (de Molière rejeté par l’Eglise comme tous les comédiens du XVIIe siècle à Colette à qui l’Eglise refuse des funérailles religieuses « en raison de ses divorces et de sa vie tumultueuse » en passant par Diderot emprisonné pour s’être montré trop matérialiste et pas assez pieux), l’inconstance amoureuse de ces messieurs-dames (que d’amants et de maîtresses !) et la misogynie du milieu (seulement trois femmes sur ces trente auteurs). Si vous connaissez l’équivalent de cet ouvrage pour d’autres pays (littérature britannique ou espagnole ou russe), je suis preneuse. Je sais que l’autrice s’est attachée à évoquer la mythologie et les écrivains américains (je vais me procurer ce dernier). A lire sans modération !
Quelques anecdotes :
- Proust est celui qui a écrit la plus longue phrase en littérature : 856 mots.
- Voltaire et Rousseau, rivaux voire ennemis de leur vivant, se retrouvent face à face au Panthéon.
- Stendhal, personnage un peu agaçant, meurt à peine connu.
- Baudelaire se défend bien quand il s’agit de crâner même si la comparaison avec les œuvres de Hugo (tellement denses et nombreuses) le ridiculise un peu.
- En voyage en Afrique, à cause d’une douleur au genou, Rimbaud engage seize porteurs afin de traverser les 300 km de désert.
- Le pape François a voulu béatifier le philosophe Pascal.
(une nouvelle édition aurait rajouté Ernaux, Gary et Sarraute).