Alors que je m’étais dit que je ne lirai pas ce roman, que je m’étais lassée de l’humour de l’auteur, un besoin subit de légèreté et de facilité m’a fait changer d’avis.
Cyril Jacquemin est prof d’histoire-géo en lycée. Il est marié à Léonie et il vit avec elle et leurs deux enfants. Un jour banal, au supermarché, à la caisse, il se fait doubler par un type malpoli... qui tombe raide mort à côté de lui. Evidemment chamboulé, Cyril ne se pose pas trop de questions. Quelques jours plus tard, le chien du voisin qui a toujours le don d’agacer le narrateur tombe sans vie sur la pelouse. Quand c’est Mme Jacquet, proviseure-adjointe qui a l’habitude de donner des ordres cinglants aux profs, qui s’écroule, Cyril n’a plus de doute : lorsqu’il est irrité par quelqu’un, il a le pouvoir de le faire mourir sur-le-champ. Effrayé par ce qu’il est devenu, un « AVCman », il peine à trouver une oreille attentive et compréhensive. Il craint surtout de « tuer » sa belle-sœur à Noël, cette bonne femme qui se montre toujours hautaine et méprisante risque d’y passer si elle l’énerve un peu trop...
Je ne regrette pas ma lecture, elle a bien rempli son rôle de me divertir et de me faire sourire. J’ai même été agréablement surprise parce que j’ai trouvé Fabrice Caro moins lourd et plus subtil que dans ses précédents romans, ses réflexions sur le deuil de la mère, la maison familiale qu’on retrouve vide, qu’il faut vendre ou ne pas vendre... l’acte même de tuer si on en avait les capacités, tout cela prend des tournures presque philosophiques, en tous cas attendrissantes. L’auteur excelle dans la narration des détails du quotidien qui nous parlent à tous et qui peuvent vite rendre la condition humaine complètement absurde. On sent aussi qu'il prend du plaisir à forcer le trait et à manier l'hyperbole à tout bout de champ (et moi aussi, j'adore). Bref, j’ai passé un bon moment de lecture facile, les pages se tournaient toute seules et si je n’ai pas éclaté de rire, j’ai souri très souvent.
Le Discours que j’avais beaucoup aimé, Broadway que j’ai oublié et Journal d’un scénario que je n’avais pas tellement apprécié.
Des BD, j’en ai lu à la pelle... quelques titres : Et si l’amour c’était aimer ? – La clôture – On n’est pas là pour réussir – Zaï zaï zaï zaï – Formica
« Quand bien même je lui aurais voulu mal, depuis quand le mal se matérialisait-il dès qu'on l'invoquait ? »
« Mon appréhension se confirmait : j'étais dangereux. Pour mon entourage, pour mes proches, pour les ennemis invisibles de nos Verdun quotidiens. Un prénom m’a sauté au visage : Corinne. J'allais finir par la tuer elle aussi. C'était inévitable. S'il y avait quelqu'un qui pouvait à tout moment provoquer chez moi des réactions épidermiques, c'était bien elle. J'ignorais par quel miracle ça n'était pas arrivé quand je m'étais trouvé seul avec elle la dernière fois. Peut-être la crèche nous avait-elle sauvés, peut-être nous avait-elle permis de rester cantonnés dans les limites du convenable et de la diplomatie. Ou bien le divin enfant, flatté de trôner au centre de l'attention durant quelques minutes, nous avait-il évité le pire. »