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1 mai 2025 4 01 /05 /mai /2025 11:35

Les Villes Invisibles Résumé PDF | Italo Calvino

C’est un de mes auteurs préférés et pourtant cela fait des années que je retarde cette lecture.

L’auteur imagine un dialogue où Marco Polo raconterait à Kublai Khan, empereur des Tartares, les villes qu’il a rencontrées lors de ses voyages... sauf qu’elles proviennent toutes de son imagination. Portant des noms de femmes (Isaura, Zirma, Foedora, Euphémie, Zemrude, Octavie, Eudoxie, Moriane,...) elles sont variées et parfois fantasques. On y parle situation géographique, architecture, commerce, cuisine, infrastructure, coutumes, habitudes, gouvernement, croyances religieuses, rapports homme-femme, etc. Regroupées par catégories : la mémoire, le désir, les signes, les échanges, le regard, le ciel, les morts, et j’en passe, elles intriguent l’auditeur qui questionne Marco Polo mais n’obtient pas toujours de réponses satisfaisantes.

L’auteur lui-même le revendique, on pourrait lire ces courts textes comme on lit de la poésie, miette par miette, à déguster lentement en se laissant rêvasser. Je m'attendais naïvement à trouver « ma » ville idéale mais Italo Calvino a été assez malin pour ne pas tomber dans le manichéisme ou l'utopie et c’est d’ailleurs plutôt un pessimisme assez marqué qui englobe ces portraits de villes, surtout ceux de la seconde moitié. Il y en a d’absurdes (Procope où le voyageur voit progressivement, de la fenêtre de son auberge, se multiplier des « visages ronds, immobiles, très très plats, avec un soupçon de sourire »... et la nature disparaître). Il y en a des glauques comme à Eusapie où les habitants ont construit sous terre une copie exacte de leur ville (les cadavres reprennent leurs activités d’avant leur mort : un squelette de barbier « savonne d’un blaireau sec l’os des pommettes » d’un cadavre d’acteur, par exemple.) Il y des villes drôles ou farfelues comme celle de mon dernier extrait.  J’ai pensé aux Caractères de La Bruyère parce que si certaines descriptions sont loin des villes que l’on connaît, on va toujours y trouver son compte, ce petit quelque chose de juste qui va nous parler.  Et la conclusion est belle : « je pourrai assembler pièce à pièce la ville parfaite, composée de fragments jusqu'ici mélangés au reste, d'instants séparés par des intervalles, de signes que l'un fait et dont on ne sait pas qui les reçoit. Si je te dis que la ville à laquelle tend mon voyage est discontinue dans l'espace et le temps, plus ou moins marquée ici ou là, tu ne dois pas en conclure qu'on doive cesser de la chercher. Peut-être tandis que nous parlons est-elle en train de naître éparse sur les confins de ton empire ; tu peux la repérer, mais de la façon que je t'ai dite. »

Je participe une seconde fois ce mois-ci au challenge Les Classiques c’est fantastique de Moka qui met à l’honneur le XXe siècle. Je trouve que Calvino est un très digne représentant de ces décennies-là.

 

« Il en est des villes comme des rêves : tout ce qui est imaginable peut être rêvé mais le rêve le plus surprenant est un rébus qui dissimule un désir, ou une peur, son contraire. Les villes comme les rêves sont faites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leur perspectives trompeuses ; et toute chose en cache une autre. »

Pourquoi pas ? « Le jour où les habitants d’Eutropie se sentent accablés de fatigue, et que plus personne ne supporte son métier, ses parents, sa maison et sa vie, les dettes, les gens à saluer ou qui vous saluent, alors toute la population décide de déménager dans la ville voisine qui est là à attendre, toute vide et comme neuve, où chacun prendra un autre métier, une autre femme, verra en ouvrant sa fenêtre un autre paysage, passera ses soirées à d'autres passe-temps, amitiés, médisances. Ainsi la vie se renouvelle de déménagements en déménagements dans des villes qui se présentent chacune, par l'exposition, ou la pente du terrain, ou les cours d'eau, un peu différemment. »

 

Les villes invisibles d’Italo Calvino
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commentaires

G
Je ne connais pas. Mais pas trop tentée, il me semble que cela ne serait pas assez divertissant pour me convenir ces temps ci.
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C
Je ne connais pas du tout cet auteur ! merci pour la découverte
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V
Je t'en prie. Le Baron perché est à lire en priorité, je dirais.
N
J'ai lu deux Calvino et ils ne m'ont laissé aucun souvenir, alors qu'en relisant mes chroniques j'avais bien aimé "Le vicomte pourfendu". Le sujet des villes invisibles ne m'emballe pas mais je le lirai peut-être par curiosité.
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V
C'est un roman plus court, c'est sans doute pour cela que tu l'as oublié :)
G
Et bien je suis comme Jérôme, jamais lu !
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V
Il n'est jamais trop tard, c'est ça qui est bien :)
D
J'aime beaucoup cette idée de villes faites de rêves et de peurs. Un titre que je découvre grâce à toi :)
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V
Si je peux te donner envie de le lire, j'ai gagné :)
J
Dire que je n'ai jamais lu Calvino. La honte^^
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V
Ah oui, clairement, la honte :)
I
Je n'ai lu que "Si par une nuit d'hiver.." de cet auteur, que j'ai beaucoup aimé, sans pourtant y revenir depuis. J'ai pourtant noté, entre autres, Le Baron perché, il faudrait que je m'y mette..
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V
J'avais adoré Si par une nuit d'hiver... et tout pareil Le Baron perché. Ses nouvelles (Marcovaldo entre autres) sont géniales aussi.
K
Ma seconde tentative a été réussie, j'ai beaucoup aimé, je me suis laissée porter...
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V
C'est un voyage qu'on entreprend, j'ai aimé me laisser voguer...
S
Je suis malheureusement passée à côté de ce texte, trop poétique pour moi sans doute.
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V
Il faut s'accrocher parfois, j'ai pris mon temps, ça m'a aidée.
F
J'aime beaucoup Calvino aussi, mais en feuilletant ce livre, j'ai eu l'impression que je m'y perdrais dans ces nombreux textes courts.
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V
J'ai eu cette impression aussi et c'est pour cette raison que j'ai souvent repoussé la lecture et finalement, ça passe bien si on prend son temps.
L
Un auteur que je n'ai jamais lu et je n'ai aucune idée de si j'aimerais ou non ses écrits. Je suis assez intriguée par ces textes (et en même temps, comme à chaque fois avec lui, je me dis que je pourrais complètement passer à côté...). A tester, un jour, peut-être.
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L
Je me dirigerai donc vers l'un ou l'autre de ces titres. Merci !
V
Le Baron perché est génial, vraiment vraiment. Si par une nuit d'hiver... l'est encore plus si on accepte de brouiller les frontières entre fiction et réalité.
V
Tout comme eimelle, j'ai très peu lu Italo Calvino. J'ai lu cependant assez récemment "Le vicomte pourfendu" que j'ai apprécié.
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V
Oui, il est très chouette !
E
j'en ai très peu lu, à explorer !
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V
Tu as de la chance :)
S
Cela fait très longtemps que je n'ai pas lu Calvino. J'aime assez la ville qui déménagerait régulièrement !
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V
Il y a de belles idées créatives !