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1 avril 2025 2 01 /04 /avril /2025 14:30

Un don, de Toni Morrison (2008) | L'ourse bibliophile

J’ai une seule expérience de cette grande autrice et qui n’a pas été concluante : j’ai découvert Home en livre audio et, (l’aventure ne s’est jamais renouvelée), j’ai été tellement hypnotisée par la belle voix de la lectrice que je n’ai rien compris à l’histoire.

                Début du XVIIè siècle. Jacob Vaark, fermier et commerçant, propriétaire d’une vaste terre, se voit plus ou moins contraint de choisir des esclaves : Florens, une petite fille noire, viendra compléter le trio des femmes esclaves (Lina l’Indienne et Sorrow la Blanche) et devrait ainsi contenter sa femme Rebekka, qui n’a jamais gardé un enfant. La famille vit en autarcie, isolée des baptistes et des presbytériens. Les femmes, surtout Lina et Rebekka, se comprennent et se rapprochent pour s’entraider. Certains chapitres se font entendre à la première personne, c’est Florens qui s’exprime et, entre rêves, craintes et espoirs, nous laisse entendre sa petite voix.

Il est des rencontres qui ne se font pas... Je croyais que c’était le support audio qui était responsable de la barrière qui a freiné la bonne compréhension de Home mais j’ai rencontré les mêmes difficultés de lecture (et de concentration !) pour Un don. J’ai dû relire des passages, revenir au début du livre, j’ai mis du temps à comprendre qu’il y avait plusieurs voix, dans une même phrase je me suis retrouvée perplexe quant à sa construction, quant à son sens. Evidemment que j’ai bien senti qu’il s’agissait d’une grande autrice, que certains passages dégageaient une grande force. Mais je saurai, si je la relis un jour, qu’il me faudra une concentration maximale. C’est quand même dommage, pour une thématique si importante, de rendre le texte tellement complexe, abscons et touffu. Pour revenir au contenu lui-même, c’est l’écart énorme entre d’un côté les hommes et très loin (derrière) les femmes qui m’a frappée. L’homme symbolise le Mal, la peur, la souffrance, l’anéantissement... Jacob est la seule exception. La vie des femmes n’est faite que de drames, de déceptions au mieux, de viols, de maladies et de morts au pire. Bref, ce n’est pas gai.

Hâte de lire ce que nos camarades de challenge Les Classiques c’est fantastique by Moka ont choisi chez Toni Morrison, prix Nobel de Littérature 1993.

Les affiches destinées à choisir un/une esclave (il/elle n’était pas nécessairement noir/e) : « Belle femme qui a déjà eu la variole et la rougeole... Beau négrillon d’environ neuf ans... Fille ou femme bonne en cuisine, raisonnable, parlant bien anglais, à la peau entre le jaune et le noir... Cinq années de service d’une engagée blanche qui connaît les travaux de la terre, avec enfant de deux ans passés... [...] Allemande en bonne santé à louer »

Lina et Rebekka : « Elles devinrent amies. Pas seulement parce qu'il fallait bien quelqu'un pour retirer le dard d'une guêpe du bras de l'autre. Pas seulement parce qu'il fallait bien être deux pour écarter la vache de la clôture. Pas seulement parce qu'il en fallait une pour tenir la tête pendant que l'autre attachait les sabots. Mais surtout parce que ni l'une ni l'autre ne savaient précisément ce qu’elles faisaient ou comment elles le faisaient. Ensemble, à travers les épreuves et leurs erreurs, elles apprirent : comment éloigner les renards ; comment et quand charrier et étaler le purin ; la différence entre mortel et comestible et le goût douceâtre de la fléole des prés ; l'allure des porcs frappés du mal rouge ; ce qui rendait liquides les selles du bébé et ce qui les durcissait au point de lui faire mal. »

« Les anabaptistes avaient-ils donc raison ? Le bonheur était-il le piège de Satan, sa ruse trop tentante ? Sa piété était-elle fragile au point de n'être qu'un leurre ? Son indépendance obstinée un vrai blasphème ? Était-ce pour cela qu’au sommet de son bonheur la mort se tourna une fois de plus de son côté. Et lui souriait ? »

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commentaires

N
C'est vrai que les histoires de Toni Morrison ne transpirent pas la joie ! Je comprends tout à fait la problématique de la concentration, c'est une autrice qui joue beaucoup avec ce qui n'est pas dit dans le texte et qu'il faut parvenir à percevoir. Si on n'est pas dedans, c'est foutu. C'est un roman qui m'intéresse en tout cas, je pense que j'y viendrai un jour.
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V
A ne pas commencer un soir à 23h55 après une grosse journée, en somme ! Je viendrai lire ton avis, alors, quand tu seras prête à t'y coller !
K
Ohhh, en effet c'est dommage. Il n'empêche que je note le titre afin d'en faire mon miel plus tard. Merci pour le partage.
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V
Il faudra venir m'expliquer tout ce que je n'ai pas saisi alors :)
M
Je comprends tellement cette désagréable sensation face aux textes de l'autrice. Souffrirais-je de masochisme littéraire pour y retourner malgré tout ? Merci pour ta participation, le récap' est en ligne !
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V
Je comprends bien, également, qu'il y a un quelque chose de très intéressant... Je te remercie quand même de m'avoir permis de retourner vers l'autrice, malgré tout :)
M
Dommage... J'ai beaucoup apprécié ma lecture de «Un don». J'ai lu ce roman en 2022. D'ailleurs, je me permets de te partager ma chronique :https://madamelit.ca/2022/02/08/madame-lit-un-don-de-toni-morrison/ Je crois que Toni Morrison parle des siens, joue avec leurs fantômes et laisse couler leur sang sur la terre américaine si incendiaire. C'est mon humble avis... Merci !
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V
Je vais venir te lire, merci pour le lien. Tu es la première qui dit avoir vraiment aimé ce livre.
P
Merci de ce retour, je ne crois pas avoir jamais rien lu d'elle.
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V
Je pense qu'il est bon d'y jeter un coup d'oeil, j'ai sans doute mal choisi mon titre.
V
Elle divise notre chère Toni. Son style est si particulier (c'est sa force aussi, elle ne ressemble à personne). Pas lu "Le don". Un jour peut-être (mais vous semblez être nombreux à avoir du mal avec ce titre).
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V
Je pense lire autre chose et ne pas rester braquée mais j'espère que je ferai meilleure pioche !
L
J'ai eu du mal avec Un don également, je retrouve très bien dans tes mots cette sensation d'être parfois laissée de côté, perdue dans les circonvolutions de l'autrice, dans sa narration parfois nébuleuse...
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V
J'en suis arrivée au même constat ;) Arrêtons de culpabiliser !
L
En lisant les autres chroniques, je me dis qu'il faut peut-être accepter de lâcher-prise pour l'apprécier (et peut-être qu'Un don n'est pas son meilleur aussi, après tout !).
V
Oh oui, et je relis et je comprends un peu mieux, et je rerelis et je comprends à nouveau moins... pfff, compliqué.
C
En relisant mon billet de l'époque, je lis que j'avais adoré Home (je n'en garde aucun souvenir... honte à moi (bon en même temps c'était il y a 13 ans)). J'avais lu des années plus tôt L'oeil le plus bleu et je n'avais pas trop adhéré. Je crois que j'étais peut-être un peu jeune... Je n'ai pas relu cette autrice depuis. Mais je me dis souvent que je devrais y revenir.
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V
Ne t'inquiète pas, j'oublie aussi mes lectures, ça me désole d'ailleurs...
A
Le sujet a l'air d'être le même que pour Beloved. Dommage.
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V
Je ne peux pas répondre à ça mais le sujet m'a intéressée, c'est la forme qui m'a laissée perplexe...
G
J'ai lu "Home" en papier et "délivrance" en audio et quand je retourne voir mes billets... Et bien j'ai adoré les deux.<br /> Et j'aimerai prendre le temps de lire d'autres ouvrages de cette grande autrice, vu que outre atlantique, cela va devenir difficile de la lire...
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V
Je ne suis peut-être pas le bon public, ou ce n'était pas le bon moment, en tous cas, ça m'a refroidie.
L
j'ai fait la même expérience que toi je sens que cette autrice a beaucoup de talent mais je passe à côté .
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V
C’est frustrant tout de même, n’est-ce pas ?
J
Toni Morrison est difficile à lire. Ses livres demandent un certain lâcher-prise : il faut avancer dans la lecture même sans comprendre, car c'est au fil des pages que tout s'éclaire. Je n'ai pas trop de mal avec ça, j'en ai lu 3 de cette auteure, mais malgré cela, je n'ai pas compris Un don. Et donc pas aimé.
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V
Ça s’est parfois éclairé mais pas suffisamment. Un Don reste donc un peu à part, je reprendrai peut-être tout de même un autre de ses titres en main…
E
Beloved m'a beaucoup marquée! A essayer peut-être?
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V
Peut-être mais pas tout de suite !
M
J'ai lu plusieurs romans de cette autrice dans le passé, et j'en ai d'ailleurs présenté sur mon blog, et puis je suis passée à autre chose, mais je l'appréciais beaucoup. Je reconnais que ses romans sont durs et qu'il faut s'accrocher pour les lire mais je n'ai jamais regretté de le faire. En tous les cas je ne crois pas qu'en audio ce soit mieux au contraire...comme tu le dis la voix ne doit pas faciliter l'appropriation de l'histoire. Merci pour ton ressenti
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V
Ah mais cette voix m’avait tellement envoûtée!! C’était dingue. Je retenterai peut-être l’expérience Morrison alors, merci de m’encourager !
J
A une époque j'ai beaucoup lu Toni Morrison dont j'étais assez fan. Il me semble que je me suis arrêté à Home justement mais pas par déplaisir... je suis juste passée à autre chose. Je reviendrai à cette autrice un jour ou l'autre.
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V
C’est motivant de lire que ça n’a pas laissé tout le monde penaud et les bras ballants 😅
K
Je n'ai lu que Home, mais sans être revenue à l'auteure, , qui ne se lit pas si bien que cela
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V
Ben oui … 😕
F
C'est une écriture exigeante comme il est tendance de dire de nos jours.^^ J'avoue que Home m'avait aussi laissée sur le bord et je trouve ça bien dommage moi aussi en raison des thématiques fortes. Enfin, je l'ai lu dans mes années fac, il faudrait que je revienne quand même à cette grande autrice. Je la comprendrai peut-être mieux aujourd'hui.
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V
Je lirai sans doute un autre titre mais pas dans l’immédiat.
C
J'ai toujours eu, comme toi, du mal à accrocher à cette langue. Cette difficulté à te concentrer sur le texte rejoint mes impressions.
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V
Ça me rassure quand même, ce n’est pas moi qui déconne complètement alors :)
P
Rien lu de cette auteur malgré le titre "home" qui a fait le tour de la blogo...
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V
Oui, il est archi connu, c'est vrai.
I
Je comprends aussi, je trouve que c'est une auteure "exigeante", comme on dit... j'ai beaucoup aimé L'oeil le plus bleu, Home et Le chant de Salomon, mais je n'avais pas compris grand-chose à Jazz, et chacune de ces lectures a tout de même demandé des efforts. Sans doute la raison pour laquelle je n'ai pas trop insisté en constatant que je n'avais pas de titre sur ma pile pour participer aux Classiques de mars..
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V
ça m'a vraiment embêtée de ne pas accrocher... j'essaierai peut-être quand même un autre titre, un jour, allez...
S
Je me souviens d'une lecture difficile mais marquante avec Beloved (j'ai failli abandonner plusieurs fois) Je comprends donc ton ressenti. J'avais d'abord essayé en français, puis en anglais et c'était mieux en VO pour la musicalité de la langue (presque syncopée, comme un blues).
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V
ah c'est intéressant ce que tu dis, malheureusement mon piètre niveau d'anglais ne me permet pas de lire le texte dans sa langue originale.