Louise, une jeune étudiante, mène, à Paris, une existence plutôt tristounette, solitaire et monotone. Un jour de neige, elle croise sa voisine, une vieille dame, Andrée, haute comme trois pommes, qui entame la conversation. Elle lui raconte ses hivers de petite fille, le patin à glace, la veste perdue et celle, beaucoup trop grande, prêtée par son père. D’autorité, elle l’emmène au marché de Noël du quartier, la sortant un peu de sa coquille. Au fil des saisons, la jeune femme et l’aïeule vont sympathiser davantage, se voyant régulièrement, et les récits d’Andrée vont indirectement donner confiance à Louise qui va devenir plus sociable. Du Tour de France 1957 à la rencontre avec celui qui deviendra son mari, Andrée n’a pas la langue dans sa poche mais certains souvenirs se voilent d’une légère brume qui se fera plus opaque au fil des mois.
Malgré ses 210 planches, la BD se lit comme ces carnets qu’on feuillette à toute allure pour créer de minuscules films. Les dialogues sont quasi absents mais de jolis dessins tout en rondeur et en couleurs raconte le parcours de ces deux femmes, l’une va vers la vie, prend confiance en elle, l’autre décline petit à petit, laissant à sa nouvelle amie quelques bonnes doses de tendresse et d’assurance. C’est doux et subtil, feutré et touchant. « Une version améliorée de la tristesse » chanterait Peter Peter ou la vie qui s’en va doucement, sans faire de vacarme...
Une très belle première bande dessinée sur deux solitudes qui se rencontrent, d’une toute jeune autrice aux talents prometteurs.