Cooper et sa fille de huit ans, Finch, vivent dans une cabane isolée dans les Appalaches. Seuls, depuis huit ans. Pourquoi ? La mère de Finch est décédée dans un accident de voiture et le père cache un lourd secret qui aurait pu lui enlever son bébé. Il a fui avec Finch se terrer. Le père procure l’essentiel vital à sa fille, il l’éduque du mieux qu’il peut et l’instruit mieux que ne le ferait la meilleure des écoles. Jack, un copain militaire, vient leur apporter des stocks de provisions une fois par an. Sauf que cette année-là, Jack ne vient pas. Cooper est bien obligé d’emmener sa fille faire les courses dans la ville la plus proche, de prendre le risque d’être découvert, de cacher une Finch de plus en plus désireuse de découvrir le monde. Il va se tisser, entre les rares personnages présents dans cette histoire, des liens particuliers et cruciaux pour la suite de l’intrigue, qu’il s’agisse du voisin un peu étrange et trop curieux ou de la sœur de Jack, venue à la rescousse.
Si l’écriture n’a rien de révolutionnaire (ça glisse un peu trop...), l’intrigue est prenante dès la première page, le duo de personnages fonctionne très bien, père et fille sont très attachants et c’est surtout un excellent page-turner ! Je m’attendais à un thriller haletant assez classique mais ce n’est ni le suspense ni la tension qui font la richesse de ce roman, plutôt les relations entre les personnages, les choix de vie, l’humanité. J’ai aimé la douceur et le réconfort qui se dégagent de cet environnement pourtant hostile, j’ai aimé la justesse du ton, l’authenticité des personnages, la subtile originalité qui fait qu’on s’éloigne du fameux « derrière les apparences, se cache un monstre... ». Et puis il y a la nature, le grand air, la montagne. Pour le grand plaisir que j’ai pris à lire ces pages, j’en fais un coup de cœur. Un week-end hivernal comblé pour ma part grâce à cette lecture passionnante.
« Je sors de la cabane, tends l'oreille. Le calme est si parfait à cette période de l'année, maintenant que les rainettes et les grillons de l'été se sont tus. Ce soir, les nuages cachent le minuscule croissant de lune, ce qui assombrit la clairière et brouille ses contours. Je glisse mes pieds dans mes chaussures pour descendre les marches du perron. Je vais vérifier que rien ne trouble la paix du poulailler. Balaie lentement la nuit avec ma lampe torche, de gauche à droite. Rien. Je rentre, ferme les verrous de la porte et place la pelle sous la poignée. »
« Dans le règne animal, les créatures protègent leur progéniture de la façon la plus insensée qui soit. Elles s’interposent face aux dangers. Elles se battent, becs, ailes et ongles. »