C’est le beau challenge Bonnes nouvelles de Je lis, je blogue dédié aux nouvelles, novellas et autres textes courts qui m’a incitée à (enfin) sortir ce recueil de ma PAL. Je n’en suis pas mécontente.
D’emblée, on apprend dans la préface que l’auteur n’a pas été capable - de toute sa vie - de tomber amoureux (le pauvre), et c’est peut-être pour combler cette frustration qu’il a fait de l’amour et des femmes le fil conducteur de ces quinze nouvelles. Qui sont-elles ? Une pharmacienne qui, comme Madame Bovary, est si avide de nouvelles rencontres ; la cliente d’une grande mercerie qui avoue ne pouvoir se défaire d’un étudiant aussi charmant que toxique ; la jolie Zinotchka qui en voudra à vie au petit garçon qui l’a dénoncée à ses parents pour un baiser volé ; Mlle X, si fière d’être riche et de haut rang qu’elle manquera l’amour de sa vie ; deux beautés si tristement belles ; la femme qui pense que son adultère est un péché de Dieu qui a tué son mari ; une riche héritière qui ne sait pas à qui offrir les roubles qu’elle a gagnés lors d’un procès et qui se demande ensuite (entre copines) pourquoi il est devenu si difficile de se marier ; une « Dame au petit chien » devenue la maîtresse d’un homme qui lui sera impossible de voir autant qu’elle le souhaiterait.
On se plonge très rapidement dans un univers teinté tantôt de malice et d’espièglerie tantôt d’une certaine mélancolie avec des personnages généralement maladroitement touchants, délicieusement imparfaits. J’ai beaucoup aimé la nouvelle « La Princesse » : une riche princesse passe un court séjour dans un monastère où elle aime se faire dorloter, toute contente d’elle et de sa vie, elle croise le Dr Ivanovitch qui était auparavant à son service ; après quelques hésitations il ouvre son cœur : elle a été une maîtresse égoïste, hautaine, hypocrite, mauvaise avec ses domestiques et imbue de sa personne. Passent quelques heures où la princesse semble réfléchir à tous ces reproches, et le lendemain là revoilà guillerette et satisfaite de sa propre personne. C’est quand même étonnant de se dire qu’un grand écrivain n’a écrit que sur les femmes... ou alors, est-ce pour cette raison qu’il est un grand écrivain 😊 J’ai donc apprécié ce recueil de nouvelles (avec un intérêt qui n’a pas toujours été le même d’une nouvelle à l’autre), on voyage dans un pays qui donne envie d’être découvert (malgré le contexte actuel).
« Il faut croire que la haine n'est pas aussi sujette à l'oubli que l'amour...»
« Dans les villes toute l’éducation et toute l’instruction que reçoivent les femmes se ramènent à en faire des êtres mi-humains mi-animaux, c’est-à-dire des êtres qui plaisent au mâle et savent le conquérir. »