J’avais tellement adoré L’île des âmes du même auteur que je savais que j’allais continuer ma découverte.
En Sardaigne, on retrouve les deux inspectrices de choc, l’Irlandaise Eva Croce, au look négligé, meurtrie dans son passé et à tout jamais - excellente flic, et Mara Reis, élégante au possible, non moins compétente. Tout les oppose et il semblerait qu’elles se détestent mais un homme vient les rejoindre : Vito Strega, criminologue de renom et tristement célèbre pour avoir tué un collègue. Le trio doit enquêter sur l’enlèvement d’un pédophile, son ravisseur a offert ses dents arrachées à sa première victime, en demandant, via les réseaux sociaux, à tous de voter pour ou contre sa condamnation à mort. Les crimes commis par celui qui sera surnommé le « Dentiste » répondent aux failles même de la justice sarde. Là où les juges ont échoué, le Dentiste sanctionne ceux qui l’ont apparemment mérité... Et ce Dentiste devient une vraie vedette, déclenchant la passion des Italiens.
Dans ce polar dense de presque 600 pages, on poursuit un justicier qui veut régler les comptes de criminels non jugés ou mal jugés. Forcément romanesque, cette intrigue monopolise des policiers au caractère et au passé marqués. Le charisme et la musculature de Vito (une sorte de mec parfait, il faut bien le dire...) va émoustiller Mara et quelque peu modifier la donne dans les relations entre les enquêteurs. Eva n’est pas en reste, elle vit toujours dangereusement, happée par l’idée de mort depuis qu’elle a perdu sa fille. Le secret de Pulixi ? un rythme effréné rendu possible par de nombreux chapitres courts, des dialogues vifs et des personnages colorés. J’ai adoré ce page-turner et cette réflexion sur la justice à travers ce vengeur masqué, mais j’ai perçu quelques minuscules défauts, des petits clichés qui se promenaient deci delà ... rien de bien grave mais qui m’empêchent d’aller jusqu’au « coup de cœur ». Les rebondissements et les surprises m’ont comblée et je continuerai à lire cet auteur. J’étais en manque de polars, cette lecture a tout à fait rempli sa mission.
Lisez quand même - avant tout - l’excellentissime Ile des âmes.
Le beau Vito Strega : « Il sortir de la piscine à contrecœur. Epaules carrées. Un mètre quatre-vingt-quinze de muscles raffermis par la natation, innervés de veines pulsant après l’effort. Cheveux noirs crépus coupés très court. Quelques centimètres de barbe soigneusement taillée, à peine saupoudrée de gris au menton. Visage osseux, aux traits réguliers et anguleux. Peau mate qui suggérait une ascendance caribéenne plutôt qu’italienne. »
« La haine est comme un orchestre. Elle a besoin de quelqu’un qui la dirige, qui fait monter la tension et la cadence, pour laisser ensuite exploser toute son impétuosité dans une chevauchée majestueuse. Mais tu sais quel est l’aspect de la haine qui me fascine le plus ? J’aime sa manière d’effacer les distances sociales... »