Pourquoi le chameau a-t-il une bosse ? Figurez-vous qu’à force de répéter « bof » à toutes les invitations à venir travailler faites par le djinn, l’Homme et les autres animaux l’entourant, ce mot « bof » s’est collé sur son dos. Condamné à vivre avec sa « boffe » (devenue « bosse » pour ne pas lui faire trop de peine), il travaille un peu plus. Le tatou, cet animal étrange, est en réalité un savant mélange d’une tortue et d’un hérisson, la tortue ayant appris à s’enrouler comme sa compagne et le hérisson ayant appris à nager comme la tortue. L’éléphant avait d’abord un petit nez court mais c’est parce qu’il a tenté de réchapper au crocodile qui le tire par son nez que l’appendice s’est allongé... et finalement, tous les éléphants voulurent obtenir la même trompe, tellement pratique pour filer des beignes autour de soi ou pour choper la nourriture plus facilement.
A travers douze nouvelles, l’auteur nous emporte dans un univers exotique où les animaux vivent leur petite vie, ayant rarement à faire aux hommes. Le point de départ de ce qui va souvent constituer une métamorphose, c’est un défaut : la paresse, l’orgueil, la curiosité, la maladresse, ... Mais même ces particularités rendent les personnages attachants car ils restent malicieux et inventifs. Un de mes textes préférés s’appelle « Comment le Rhinocéros eut cette peau » : un rhinocéros ayant volé le gâteau d’un Parsi, se retrouva puni : un jour de grosse chaleur, l’homme ôta ses vêtements et l’énorme mammifère sa peau. Pour se venger, le Parsi va coller les « vieilles miettes gratteuses de gâteau rassis et de raisins brûlés » sur la peau du rhinocéros. Cette nouvelle peau démange énormément, et depuis, « les rhinocéros ont tous la peau qui plisse et très mauvais caractère. » Ces contes explicatifs ont été un vrai plaisir de lecture inattendu, tant la plume de l’auteur se fait drôle, légère, poétique, intelligente et savoureuse. Je rechigne toujours à lire de la littérature jeunesse mais Kipling a su me satisfaire pleinement, m’emmenant dans son délire subtil et élégant. Je conseillerais tout de même d’accompagner la lecture d’un enfant de moins de douze ans.
C’est grâce au challenge Les Classiques c’est fantastique qui exigeait ce mois-ci que les personnages soient des animaux, que j’ai sorti ce livre de ma PAL. J’en connaissais des extraits mais je conseille sa lecture intégrale ! Et ce recueil de textes peut convenir également au challenge des Bonnes nouvelles de Je lis, je blogue.
Je me permets de rajouter que le roman idéal pour ce beau challenge est et restera le formidable Watership Down de Richard Adams.