L’autrice-narratrice est la fille de l’aventurier et navigateur, Peter Tangvald. Ayant fait plusieurs fois le tour du monde, vivant exclusivement sur le bateau construit par lui-même (sans moteur ni radio), il a eu sept femmes et de nombreux enfants. Un jour de tempête, il part en bateau avec sa petite fille de sept ans, Carmen, et demande à Thomas, son fils alors âgé de 15 ans, de le suivre dans un coin réputé dangereux, au large de Bonaire, une île des Caraïbes. Les deux bateaux font naufrage, seul Thomas survit. La mère de Virginia avait quitté Peter brutalement, emmenant la petite âgée de deux ans. Virginia jeune adulte, se rend compte qu’elle a besoin de comprendre ce qui s’était passé le jour du naufrage, qu’elle a besoin de retrouver Thomas, celui qui prend aussi la mer, celui qui ressemble tant à son père... Les retrouvailles aux saveurs morbides perturberont la jeune femme. Et la disparition de Thomas, des années plus tard, confirmeront encore un peu plus ce destin familial funeste.
Ce roman autobiographique prend des allures d’enquête mais de nombreuses questions resteront sans réponse et, surtout, Virginia Tangvald, tentera – par l’écriture – de soigner ses plaies familiales, cette malédiction qui plane. En effet, non seulement Peter a toujours choisi des femmes très jeunes, mais deux d’entre elles ont disparu dans des circonstances étranges qui laissent supposer que Peter pourrait les avoir tuées. La narratrice, en perte de repères, semble trouver son équilibre une fois la dernière page noircie, prête à fonder une famille et à revoir la définition du mot « liberté », si cher à son père. Le hasard a voulu que je démarre ce roman sur un bateau, non loin de Dubrovnik, et je ne sais pas si le contexte l’a favorisé, mais j’ai éprouvé un réel engouement pour le début de ce livre ; cette histoire énigmatique et romanesque a de quoi happer le lecteur. Mais le soufflet est retombé dans la seconde moitié du livre et même si j’ai été heureuse que Virginia trouve sérénité, apaisement et amour (elle est en couple avec le sympathique chroniqueur culturel, Youssef Bouchikhi), certains passages ne m’ont pas tellement intéressée. Disons plutôt que je n’ai pas forcément compris son obsession à évoquer un père qu’elle n’a pas connu – le livre aura eu le mérite de le faire tomber de son piédestal. Son témoignage s’accompagne de morceaux de l’autobiographie de Peter lui-même qui ont été judicieusement répartis dans le livre et, pour un premier roman, il faut admettre, que l’ensemble est plutôt prometteur et agréable à lire.
« J'avais perdu mon frère de vue en même temps que cette île quand ma mère avait fui notre père. Cette collision tant attendue entre le passé et le présent me donnait le vertige. J'avais tellement hâte de le revoir. »
Les retrouvailles avec Thomas : « Nos deux solitudes étaient criantes. Tant d’années de mer nous séparaient désormais. J’avait attendu trop longtemps pour le rejoindre. Dans ce néant, dans cette solitude où était né mon désir obsédant de le retrouver, autre chose m’était apparu, trop flou pour que je puisse clairement l’identifier. Le soupçon d’une proximité profonde entre nous, accompagné d’une fascination pour le funeste. Quelque chose de terrible et d’inavouable est alors monté jusqu’à moi, une odeur rance de fer et de sang jointe à l’étrange impression que j’allais mourir de ses mains. »
Virginia est née sur un bateau, Thomas enfant assiste à l’accouchement : « Per lui tendit les ciseaux, qu’il avait fait bouillir juste avant dans l’eau des pâtes, pour couper son cordon. Thomas courut trouver un livre dans lequel il le ferait sécher comme une fleur. Carmen me porterait jusque sur la poitrine de ma mère, épuisée, haletante. Ma mère, la femme qui survivrait. »
et je participe, enfin à nouveau, au Book Trip en mer de Fanja. J'ai atteint le grade de "second-maître", je suis ravie !!