- Adapté du roman de Jean Hegland -
Non loin de San Francisco, Eva et Nell sont deux sœurs qui ont survécu à une catastrophe, un ensemble d’événements qui les ont coupées du monde. Seules dans leur maison familiale, orphelines, elles tentent de survivre sans électricité, sans supermarché, sans voiture, sans aide humaine. Elles ne peuvent que se souvenir de leur passé et de sa lente et inexorable déchéance vers ce qui semble atteindre une forme de minimalisme absolu. Eva danse même sans musique, Nell bricole et cuisine avec le peu de provisions restantes. Un ancien ami va parvenir à les retrouver et leur propose d’aller avec lui vers l’est mais les Etats-Unis sont devenus trop dangereux. Les sœurs vont petit à petit évoluer vers un autre mode de vie, plus tourné vers la nature, à l’écoute de ses bienfaits. Elles se redécouvrent, grandissent à leur manière, trouvent des solutions, écoutent l’univers qui les entoure.
J’ai cette BD dans ma PAL depuis des mois voire des années et j’en repoussais la lecture par peur d’être déçue. Les années ont passé depuis mon immense coup de cœur (inégalable, je crois bien) pour le roman de Jean Hegland (lu en avril 2017), j’ai donc pris du plaisir à retrouver cette histoire incroyable, cette idée de pouvoir survivre même après la civilisation, cette force qui pousse à croire qu’on est capable de surmonter bien des difficultés. Mais je suis loin, très loin, de la révélation qui m’a éblouie lors de la lecture du roman. Il y a quelque chose de plat, de terne et de fade dans les dessins (mise à part cette canopée si subliment réussie), je n’ai pas retrouvé la force ni la profondeur des personnages, l’intense émotion de la connexion humain/nature, la subtilité des sentiments des filles, la grandeur exceptionnelle du roman. Et pourquoi avoir choisi la couleur sépia ? pour mieux rendre le gris de leur vie ? Je voyais bien surgir une explosion de couleurs, au moins à la fin ; et puis des cases immenses pour rendre hommage à la beauté de la nature. Bref, j’ai été déçue mais je m’y attendais.
« Bien sûr, ce genre de choses arrive. J’ai suffisamment étudié l'histoire pour le savoir. Que les civilisations périclitent, que les sociétés s'effondrent. Il n'y a qu'à regarder Rome, Babylone, la Crète, l'Égypte, les Incas ou les Indiens d'Amérique. Finalement l'électricité n'aura été qu'un accident passager d'à peine deux siècles, autant dire une poussière de temps à l'échelle de l'histoire de notre monde. Éva et moi faisons désormais partie d'une époque révolue. »