Relecture vingt ans plus tard de ce classique (apparemment le roman de l’adolescence le plus lu dans le monde !?) dans le cadre du challenge Les Classiques c’est fantastique avec pour thème du mois de septembre « L’adolescence ».
Holden Caulfield a 17 ans, il vient de se faire renvoyer de son collège, quelques jours avant Noël, et n’ose pas rentrer chez ses parents. Il fuit donc à travers les rues de New-York, pensant souvent à sa petite sœur adorée, à son frère décédé d’une leucémie, à Jane, sa voisine qu’il aime beaucoup mais qui a peut-être couché avec le gros lourd de Stradlater. Il passe la nuit dans un hôtel sordide, tente de commander de l’alcool au bar (mais on lui refuse parce qu’il est mineur), refuse une prostituée et se fait tabasser par son mac, retrouve une copine qu’il envoie malencontreusement balader...
Je ne sais pas si c’est un roman qu’il faut avoir lu dans sa vie mais il a quelque chose de touchant et de délicat. Ce jeune paumé dans un monde hostile essaye tant bien que mal de rouler des mécaniques, de se faire une place, il pense parfois être à la hauteur de la situation mais se rend aussi compte qu’il a souvent les chocottes... Il est tout de même un des seuls mecs qui arrête de tripoter une fille quand la fille lui dit d’arrêter et après avoir « commandé » une prostituée, il refuse de coucher avec elle. Il n’a que trois noms dans son carnet d’adresses et personne pour répondre à cette question qui l’obsède : où vont les canards de Central Park quand l’eau du lac gèle en hiver ? Il faut y regarder à deux fois : ce roman a bien été écrit en 1951 mais il a une portée universelle et un écho actuel assez incroyables. Le narrateur le dit lui-même, il a un « vocabulaire à la noix », le langage est familier, les négations amputées de leur première partie, il aime manier les hyperboles et les excès (« Fallait toujours qu’il se cure les ongles. » ; « Ce mec, Ackley, faut toujours qu’il tripote quelque chose. » ; « J’ai ôté ma casquette et je l’ai contemplée pour la quatre-vingt-dixième fois environ. ») Le roman traduit aussi un malaise plus profond, qui « vous flanque le cafard » dans une société déficiente et malade.
Une image que j'ai adorée : Allie, le frère de Holden, recopiait des poèmes sur ses gants de base-ball pour avoir quelque chose à lire quand il attendait sur le terrain.
« Je suis le plus fieffé menteur que vous ayez jamais rencontré. C'est affreux. Si je sors même simplement pour acheter un magazine et que quelqu'un me demande où je vais je suis capable de dire que je vais à l'opéra. C'était terrible. »
« Je suis toujours à dire « Enchanté d'avoir fait votre connaissance » à des gens que j'avais pas le moindre désir de connaître. C'est comme ça qu'il faut fonctionner si on veut rester en vie. »
« Je serai juste l’attrape-cœurs et tout. D’accord, c’est dingue, mais c’est vraiment ce que je voudrais être. Seulement ça. »