Nestor, alias Ness ou encore surnommé Cœur-d’amande, est un homme de petite taille, vendeur de chaussures qui vient d’être mis à la porte. Vivant seul avec la grand-mère qui l’a élevé (seule), choyé, adoré, valorisé toute sa vie, il se sent privilégié dans son petit appartement de Barbès. Mais la mamie, à 86 ans, perd doucement la tête, Ness ne veut pas le reconnaître et il s’accroche à elle comme à une bouée de sauvetage alors que ses amis tentent de lui faire entendre raison : il faut la placer dans un institut spécialisé. Ness s’apprête alors à tout perdre : argent, boulot, famille, appartement, heureusement qu'il est bien entouré, qu'il a une fibre littéraire et une chance de dingue.
Je suis vraiment embêtée. Je n’ai pas lu grand-chose de cet écrivain mais il me semble qu’il a totalement changé de bord, penchant vers un feel good qui me laisse sans voix. Je vais quand même essayer d’expliquer à quel point j’ai lu ce roman avec plaisir parce que c’est doux, cotonneux, certains passages brillent au milieu d’une histoire ... qui est un conte tant elle est invraisemblable. De rencontres non crédibles à un succès foudroyant pour le personnage principal, Barbès est un décor en carton-pâte où Amélie Poulain aurait pu se promener, les habitants y sont tous plus chaleureux et généreux les uns que les autres (avec vue sur le Sacré-Cœur)... Ness tombe quand même sur un type qui est prêt à lui donner sa vie parce qu’il l’a dépanné une seule fois. Et vlà-t-il pas que le citadin débarque à la campagne et s’ennuie sec avant d’apprécier tout de même les charmes de la nature et du bistrot du village. Mouais. Je pense que j’attendais beaucoup plus de ce grand écrivain qu’une histoire facile et mignonnette, cousue de fil blanc ; ça aurait été un premier roman, pourquoi pas. On ne va pas se mettre à encenser les romans juste parce qu’ils se lisent bien...
« Je considère l'existence comme une offrande inespérée sous une cloche de verre piégée. J'ai le choix entre la contempler en salivant dessus ou bien soulever la cloche. J'ai choisi de prendre le risque, il n'y a pas de risque non négociable pour celui qui veut vivre pleinement sa vie. Celui-là doit savoir gérer les échecs, relever les défis et se désaltérer dans la sueur de son front comme dans une eau bénite. Le monde est une combinaison de hauts et de bas et nous en faisons partie. Personne n'y peut changer grand-chose, mais chacun doit composer avec. »
Ness décrit sa grand-mère (je ne suis pas sûre que le sari soit le vêtement le plus flatteur au monde...) « Avec son visage de fée et sa silhouette gaulée, n'importe quelle robe de braderie lui allait comme un sari. »
« Il est des moments où toutes les étoiles se décrochent du ciel et tombent en poussière telles des prières irrecevables ; des moments où les rêves qu'on engrange dans un coin de sa petite tête se défont aussi misérablement qu'un nœud coulant raté. D'un coup, tout ce qui a illuminé nos horizons fiche le camp. Il ne reste que les preuves de notre impuissance. On se frappe dans les mains avec chagrin, on regarde la pointe de ses souliers, on secoue la tête à droite à gauche et on mesure l'étendue du désastre. »