Je n’avais plu lu cet auteur depuis 13 ans (Le Vol des Cigognes que j’avais adoré).
Mai 68 à Paris. Hervé Jouhandeau est un jeune étudiant en histoire ; un peu timide et romantique, il est secrètement amoureux des trois copines, Cécile , Nicole et Suzanne. Alors que manifestations et révoltes font rage à Paris, Hervé découvre le cadavre de Suzanne pendu et atrocement mutilé. Il fait alors appel à son demi-frère de flic Jean-Louis Mersch, un type bourru et plus âgé que lui. Avec Nicole, ils vont tous les trois enquêter sur ce meurtre (qui ne sera que le premier ...) à travers les rues d’un Paris décontenancé mais aussi dans une Inde effrayante et fascinante et dans une capitale italienne surprenante.
Alors que le roman commence sur des airs de rock et dans une ambiance de grève sauvage, il va très vite prendre une tournure plus violente, plus sanglante, tout aussi écarlate que sa couverture. Secrets de famille, hindouisme, tantrisme, pacte avec le diable et lamproies guident les protagonistes dans un road trip effréné et déjanté. J’ai beaucoup aimé les relations tissées entre la belle jeune fille intelligente, l’inspecteur rustre et l’étudiant plus candide. Grangé nous emmène quand même dans ce qu’il y a de plus sordide et glauque dans l’Inde et l’hindouisme. Côté enquête, il y est peut-être allé un peu fort, tout n’est pas crédible mais sacrément ensorcelant et prenant. J’ai donc apprécié ma lecture et n’ai pas vu passer les 759 pages. Je n’ai tout de même pas retrouvé l’engouement éprouvé pour Le Vol des cigognes. Mais la plume de Grangé reste l’une des meilleures au rayon des polars français qui secouent. Mis à part quelques éléments capillotractés, les trop nombreuses références aux drogues diverses et variées que consomment les personnages m’ont agacée (mais c’est l’époque qui veut ça, me direz-vous...). Le bilan reste très positif.
Avec ses 759 pages, ce roman participe au Challenge Pavés de l’été 2024 du blog de la petite liste et aux Epais de l'été chez Dasola.
La manifestation à Charléty : « C'était merveilleux. Des étudiants, des ouvriers, des prêtres, des bourgeois, des retraités ; des hommes, des femmes, de tous âges, de toutes origines, unis par une force invisible... Ça braillait, ça chantait, ça tapait dans ses mains ! Sur la piste du stade, des groupes couraient, représentant des syndicats, des partis, des groupuscules, des usines brandissant drapeaux ou pancartes, à la manière d'athlètes défilant pour leur pays. »
« Tout bon flic est un voyou dans l’âme, un mec qui bande pour le vol, la vie nocturne. »
Les ablutions dans le Gange : « Des hommes et des femmes qui faisaient trempette, tout habillés, dans des eaux grasses et fétides qui évoquaient plus un bouillon de culture qu'un gigantesque bénitier. Mais la pureté à l'indienne se moquait des maladies et de la pollution, elle se situait au-dessus de ses vicissitudes. Tout se passait à l'étage supérieur. Plongés dans ce bar saumâtre, les hindous se purifiaient, récitant leurs mantras. »