Yann de Kérambrun vient d’apprendre la mort de son père. Evidemment bouleversé, le chagrin ne le submerge pas non plus parce qu’il n’entretenait qu’une relation lointaine avec cet homme qui avait toujours été dur et froid. Divorcé et loin de son fils unique, l’historien qu’il est décide cependant de quitter sa routine parisienne et d’investir la maison familiale située à Saint-Malo. Il fouille dans les affaires et les archives familiales et revient sur les pas de son arrière-grand-père, Octave, qui a fondé une compagnie maritime du même nom. Les contours des visages des aïeuls se précisent au fur et à mesure des investigations de Yann et le sort peu connu de Cézembre, l’île en face de Saint-Malo se retrouve intimement lié à un drame familial qui s’est répercuté inconsciemment de génération en génération. Rebecca, une mystérieuse femme croisée souvent sur la plage, va chambouler notre héros et, très discrètement, entrer dans sa vie.
Il faut vraiment détester la Bretagne pour ne pas aimer ce bon gros roman ! On y est, on respire cet air vivifiant, on assiste au spectacle de l’océan, tournés vers le large, maisons et humains dans le dos. Bien sûr, il y a cette histoire familiale et le parcours des trois associés à l’origine de la compagnie Kérambrun mais le roman porte bien son nom, c’est de l’île et de la mer dont il s’agit avant tout. Je n’ai mis les pieds à Saint-Malo qu’une seule fois mais je me souviens d’un choc, d’une rencontre à part avec une ville maritime des plus originales et des plus séduisantes. J’ai retrouvé dans ces pages toutes ces saveurs. Voilà le versant positif de ma lecture. Pour les ombres au tableau, il y a un petit côté mièvre et poussif dans l’histoire d’amour qui n’en est pas vraiment une entre Yann et cette belle jeune femme pleine de mystère. J’ai moins aimé aussi cette langueur à mener une enquête finalement très longue et pas toujours crédible (même si la pirouette finale est plaisante). Je ne pense pas réitérer avec cette autrice que beaucoup ont lue même si j’ai passé un bon moment (un livre à emporter en vacances, ça s’y prête bien !)
Je participe à deux challenges avec cette lecture : Book trip en mer de Fanja (les îles et les bateaux restent la principale thématique du roman mais aussi la nage, la conception des bateaux, la vie côtière, Jersey, ...) et le Challenge Pavés de l’été 2024 de La petite liste (547 pages)
"L'île est là, encadrée par les montants des bow-windows. Même si ses reliefs paraissent moins saillants que sur la carte postale, la permanence du paysage est troublante : j'ai sous les yeux exactement le même panorama que celui que Octave a fait photographier, comme si le siècle qui nous séparait venait de s'effacer. J'imagine mon aïeul tiré à quatre épingles, la barbe bien taillée, le cheveu court, inflexible comme mon père, debout devant l'horizon ; à moins que ce jeune homme dynamique et inventif n'ait préféré des tenues plus chics, des guêtres, une fine moustache ou un chapeau melon."