C’est un podcast de Radio France qui m’a fait découvrir ce court récit non fictionnel, et qui me permet de participer au challenge Les classiques c’est fantastique chez Moka et Fanny. Ce mois-ci : « Tout plaquer, solitude, introspection & isolement ».
En septembre 1978, l’auteur que nous connaissons bien décide de faire un voyage seul, depuis Monastier, en Auvergne jusque dans les Cévennes. Après une courte réflexion, il choisit un âne pour porter ses bagages et son sac de couchage (il ne veut s’encombrer d’une tente). Modestine et l’homme ne s’entendent pas forcément bien d’emblée, la bête avance trop doucement et il lui faudra des coups de baguette pour accélérer (plus tard, Stevenson découvre l’efficacité de l’aiguillon...) En une bonne douzaine de jours, Stevenson trace son chemin, alternant nuits à la belle étoile et pauses dans les auberges, descriptions de ce qui l’entoure et digressions historiques.
Si l’écoute de cette histoire a été plutôt amusante et agréable, le récit narre surtout les péripéties d’avec Modestine (il ne dit l’apprécier que lorsqu’il doit la revendre, peu avant son arrivée), les tracas propres aux voyage (la chaleur, la nourriture, l’orientation) et les rencontres avec les campagnards (souvent bourrus mais d’aide précieuse), il m’a manqué des réflexions personnelles sur les ressentis de l’écrivain. D’introspection, il n’y en avait pas vraiment et les quelque 260 kms parcourus ont davantage été une ode à la nature qu’un cheminement personnel (l’ère de la méditation et du recentrement sur soi n’avait pas encore débuté). Pourtant, j’ai lu par ailleurs que Stevenson avait décidé d’accomplir ce périple essentiellement à cause d’une rupture amoureuse. En dépit de cette carence, la contemplation des paysages et la candeur touchante de Stevenson (il n’avait alors que 28 ans) offrent une sorte de bercement poétique et hypnotique (j’ai écouté le récit en courant, ça ne m’a pas fait avancer plus vite !) A découvrir, d’autant plus que l’itinéraire nommé plus tard le « chemin de Stevenson » est devenue un chemin de randonnée réputé.
« Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L’important est de bouger, d’éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants. Hélas ! Tandis que nous avançons dans l’existence et sommes plus préoccupés de nos petits égoïsmes, même un jour de congé est une chose qui requiert de la peine. »
« Les étoiles étaient claires et colorées comme des joyaux, mais sans annoncer la gelée. Une légère vapeur argentée tenait lieu de voie lactée. Grâce à la blancheur du bas, je pus repérer Modestine qui tournait en rond au bout de sa corde. Je l’entendais mâcher assidûment le gazon mais il n’y avait pas un autre son, à part l’indescriptible et doux murmure du ruisseau sur les pierres. »
« Personne ne connaît les étoiles s’il n’a pas dormi, selon l’heureuse expression française, « à la belle étoile ». Il peut bien savoir tous leurs noms et distances et et leurs grandeurs et demeurer pourtant dans l’ignorance de ce qui seul importe à l’humanité, leur bénéfique et sereine influence sur les âmes. Les étoiles sont la plus grande source de poésie. »