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8 juin 2024 6 08 /06 /juin /2024 11:44

Les Naufragés du Wager - David Grann - Editions Du Sous Sol - Grand format  - Place des Libraires

Le roman aux milliers d’éloges... ou pas loin. Il me tardait de découvrir cet auteur.

En 1740, une flotte britannique quitte l’Angleterre pour piller les trésors espagnols au large du Chili, dans un contexte de guerre Angleterre/Espagne. Le vaisseau de ligne Wager en fait partie. Après avoir bravé les mollusques qui rongent la coque, les dangers du tumultueux Cap Horn, les cadavres dont il faut se débarrasser, les 250 marins avec, à leur tête, le capitaine David Cheap, sont confrontés à la tempête du siècle mais doivent aussi faire face à une épidémie de scorbut (un peu de typhus aussi, tiens). Les obstacles, problèmes et périls atteignent leur acmé quand le bateau fait naufrage sur une île au large de la Patagonie. Ils ne sont plus que quelques dizaines de misérables loqueteux tiraillés par la faim et la peur, et la rudesse de l’île ne permet guère de vivre décemment. Il est temps de prendre une décision : soit poursuivre la mission qui leur a été attribuée, soit faire marche arrière et regagner la côte est de l’Amérique du Sud. Cheap et l’enseigne du Wager, Byron (16 ans et le petit-fils du poète !) restent sur l’île et tentent de gagner Chiloé, une île chilienne, tandis que Bulkeley, le canonnier, un homme pieux qui aime tenir son journal, dirige le groupe des mutins.

Après un début un peu longuet consistant à présentant les personnages principaux, le roman gagne en profondeur, se laisse porter par la houle grondante et le lecteur se retrouve (presque) aussi chaviré que les personnages. Le rythme est haletant, l’auteur maîtrise son sujet, il n’y a pas à dire (la bibliographie en fin d’ouvrage le prouve et Grann est allé jusqu’à passer trois semaines sur l’île), il intercale des témoignages authentiques et des images de cartes et de portraits du personnel du Wager afin d’apporter cette petite touche de réel qui fait mouche. C’est une robuste épopée où le mot « aventure » prend tout son sens. La vie sur l’île hostile et glaciale est à peine atténuée par la rencontre d’indigènes que les Européens continuent à traiter de « sauvages ». On assiste également à toutes les étapes d’une robinsonnade (à plusieurs) :  le besoin de civiliser l’île, la constitution de clans, l’émergence des menteurs, des voleurs, des chefs, des désespérés, la construction de « maisons », la construction de bateaux...  Pour écrire ce roman s’inspirant de faits historiques, l’auteur imbrique toutes les pièces d’un puzzle gigantesque et rend un bel hommage à  cet extraordinaire périple dont peu reviendront. Mission accomplie, dépaysement garanti. J’en redemande mais trop non plus parce que c’est loin d’être mon genre de prédilection. Il m’a manqué un élément primordial de la littérature : le sentiment ! Les personnages évoluent au gré des vagues, des ordres, des mutineries, du vent... ça ne me suffit pas ! J’ai aussi trouvé la fin un peu vite expédiée même si c’est le dénouement même de cette aventure qui a voulu ça (chacun a dû rendre des comptes une fois revenu en Angleterre). En bref : certains ont bien plus aimé que moi !

Grâce à cette lecture, je participe au challenge maritime de Fanja, Book Trip en mer.

La tribu rencontrée, les Kawésqars : « Au fil des siècles, ils s'étaient adaptés à la rudesse de leur environnement. Ils connaissaient pratiquement les moindres recoins de la côte et portaient en eux des cartes mentales de ces dédales de chenaux, de criques, de fjords. Ils connaissaient les abris protégés des tempêtes, les torrents de montagne aux eaux cristallines que l'on pouvait boire sans danger, les récifs chargés d'oursins, d'escargots de mer et de moules comestibles, les anses où se regroupaient des bancs de poissons et les meilleurs endroits, en fonction de la saison et des conditions climatiques, où chasser le phoque, l'otarie et le lion de mer, le cormoran et le brassemer cendré. »

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commentaires

D
Bonjour Violette, le reproche que je fais à ce récit, c'est que cela reste très factuel. On n'est pas dans l'empathie. C'est plus un long article journalistique qu'autre chose. Bon dimanche.
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V
On est complètement sur la même longueur d'ondes !
E
je ne l'ai pas encore lu, à découvrir !
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V
Oui, quand même, malgré mon avis un peu moins positif que tous les autres que j'ai lus.
L
J'ai beaucoup aimé, moi aussi, surtout la première partie que tu trouves "longuette" car javais beau savoir qu'embarquer sur les navires de la "Navy" n'était pas une pzrtie de plaisir je ne savais pas grand chose des conditions de recrutement. Cest plutôt dans les répétitions des mauvaises conditions de meteo et des difficultés de navigation que jai trouvé un côté repetitif .<br /> Peut-être attendais tu trop de ce.livre ? Qui est plutôt un essai historique qu'un roman.
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V
ah oui, je crois aussi que j'ai mis la barre trop haut et le côté "roman" m'a manqué...
A
Un livre que l'on voit beaucoup sur les blogs, mais je ne me suis pas encore décidée. A priori, ce n'est pas le genre d'histoire qui me fait courir.
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V
apparemment, ce n'est pas tellement ma came non plus :))
C
Vous n'avez pas aimé plus que ça, ou bien vous attendiez-vous à autre chose. Il arrive que les blogs donnent des comptes rendus alléchants parce qu'on veut y rendre ce que le livre a apporté de gratifiant et qui apparaîtront surfaits aux lecteurs et lectrices qui n'y sont pas sensibles.<br /> Tout cela est très relatif, affaire de goût et de moment.<br /> <br /> Bon dimanche, Keisha.
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V
Keisha ? <br /> bien sûr que tout le monde ne peut pas aimer la même chose et c'est tant mieux. Je ne regrette pas cette lecture pour autant.
E
Pas du tout un livre pour moi, je vais me contenter de ce que tu en écris.
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V
;)
F
Quoi, on se mutine par ici ? On n'a pas adoré le Wager ? 😆 Ah oui, si tu t'attendais à un pur roman historique, c'est sûr que tes attentes ont dû être déçues. Cela dit, même si c'est plus du domaine de la non-fiction, je trouve que Grann a réussi à lui donner un vrai souffle épique et c'est peut-être le plus romanesque de ce que j'ai pu lire de lui à date.
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V
ah zut, ses autres livres sont encore moins romanesques ? ;) Je vais y réfléchir à deux fois alors... J'ai aimé de nombreux passages mais pas "adoré", non. ...Au risque de me faire huer !
K
La note américaine n'est pas non plus un roman, tu sais.<br /> Pour le Wager, je pense en parler bientôt, ça comptera comme LC, d'après Fanja;
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V
Je viens de le comprendre, je verrai si je m'y collerai ou non.
J
J'ai l'impression que tout ce qui t'as déplu dans ce livre est justement ce que j'ai préféré ! Par exemple, j'ai été captivée par la première partie de l'essai qui nous en apprend tellement sur le recrutement et la logistique. Je pense effectivement que La Note américaine te plairait davantage parce que c'est un roman.
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J
En fait, la note américaine est un roman inspiré de faits réels.
V
avec Keisha, vous êtes contradictoires, je ne m'en sors plus ^^ !!
I
Je comprends ce que tu veux dire, sans doute un roman t'aurait-il mieux convenu... dans ce cas je te conseille "Et pour mourir le monde" de Yan Lespoux, qui s'inspire lui aussi d'un véritable naufrage, amis pour écrire une fiction.
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V
je note, merci. En fait, j'aime le côté "ça s'est vraiment passé", c'est plutôt l'absence - ou presque - de sentiments qui m'a manqué.
S
C'est un documentaire historique, pas un roman malgré l'écriture très littéraire. C'est normal donc qu'il n'y ait ni psychologie, ni sentiments : ce n'est pas le travail de l'historien.
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V
Oui, je n'avais pas démarré ma lecture en prenant cela en compte, je pense.
S
J'ai l'intention de découvrir David Grann avec sa Note américaine dont le sujet me tente davantage. Je verrai si je poursuis ensuite avec cette histoire maritime ...
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V
Je pense aussi que La Note américaine est susceptible de me plaire davantage.
T
Oh pourquoi pas, ça me tente bien, j'aime assez ce genre d'aventures en général.
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V
ah c'est peut-être pour toi alors? J'aurais aimé plus :)
K
Tu ne regrettes pas de l'avoir lu, tout de même... J'étais effectivement bien plus enthousiaste ! ;-)
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V
oui, je sais bien :/ peut-être qu'il est arrivé à un mauvais moment pour moi...