Le Louvre a rouvert ses portes depuis peu et les règles ont changé : désormais, les hommes majeurs doivent laisser leurs vêtements au vestiaire. Femmes et enfants déambulent donc toujours dans le musée habillés mais les visiteurs masculins se promènent nus. Pourquoi donc ? C’est très simple : les nus féminins se sont offusqués une ultime fois (avec la photo obscène de trois ados, l’un touchant les seins d’une statue féminine) avant de disparaître. Tous les nus de femmes sont devenus invisibles et seule Teresa, une femme de ménage, peut encore entendre leur rébellion : attouchements, insultes, remarques misogynes et déplacées. Pour le directeur du musée et sa sœur, c’est une catastrophe, le musée doit fermer et on invoque des raisons sanitaires pour justifier ce « grand incident ». Vous l’aurez compris, ce n’est que lorsque les hommes accepteront de se dévêtir aussi que les œuvres féminines réapparaitront.
Quelle lecture jouissive !! Dès les premières planches, on accroche à cette situation toute nouvelle et fort cocasse. Si on passe une bonne partie de la BD à sourire, le reste est dédié aux œuvres d’art et certaines histoires de nus artistiques sont bien retracées ici comme cette fameuse Suzanne épiée par deux vieillards menaçants qui a été peinte un bon nombre de fois (Véronèse d’abord, d’autres ensuite ...prenant rarement parti pour Suzanne). L’autrice revendique sa BD « conte fantasticomique », elle en profite pour faire parler les œuvres en vers mais surtout pour apporter un éclairage différent sur la perception de la nudité. J’ai pensé à mes élèves qui ont parfois du mal à accepter la nudité en peinture ou en sculpture (cela se traduit par des gloussements ... à peine sonores et des regards en coin quasi lubriques). Zelba a vraiment le don de raconter et de nous faire entrer dans son univers, j’avais déjà apprécié son talent pour Mes mauvaises filles (avec un sujet bien plus grave). Une artiste à suivre !
A noter, en passant comme ça hein, qu’à la tête du Louvre se trouve enfin une femme depuis 2021, Laurence des Cars, après une petite trentaine de directeurs masculins, depuis 1802.
Kouros :
« Ici, l’art grouille de femmes à poil... De nos jours, c’est d’un banal !
A l’origine, c’était nous les nus,
bien des siècles avant Jésus.
A l’ère de l’Antiquité grecque,
Moult zobs et point de schneck.
Depuis, les temps ont bien changé,
Les meufs ont tout ensorcelé.
Ont monopolisé l’espace
A coups de coude, à coups de grâce. »
--- Coup de cœur ---