Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2024 7 30 /06 /juin /2024 09:17

Je suis la bête - Andrea Donaera - Cambourakis - Poche - Librairie Goulard  AIX EN PROVENCE

Michele est mort, l’adolescent s’est défenestré. Son père, Mimí, chef de la Sacra, la mafia qui règne sur le territoire des Pouilles, cible l’objet de sa vengeance sur Nicole. En effet, la jeune fille se serait moquée de Michele et aurait envoyé promener ses déclarations d’amour répétées. Veli est le gardien de la cellule que Mimi a réservée pour ses prisonniers ; ils n’y restent que quelques jours en attendant... leur mort. Pas foncièrement mauvais, Veli accueille Nicole dans son antre. Cette proximité va déclencher un rapport inédit entre les deux êtres – Nicole surprenant son geôlier par sa spontanéité et sa candeur, tandis qu’à l’extérieur, Mimí fait régner la terreur et se laisse envahir par un chagrin devenu folie.

 

Quel curieux polar ! A la fois violent et sans concession, poétique et d’une incroyable beauté, il n’est pas sans rappeler la tragédie antique. L’auteur multiplie les voix et les points de vu, le résultat n’en demeure pas moins oppressant. Par son originalité, sa poésie et son efficacité, Je suis la bête est un roman dont je me souviendrai longtemps et que je ne peux que recommander. Je n’en fais pas un coup de cœur à cause d’une scène d’une effroyable répugnance et une fin que j’ai trouvée un peu emberlificotée. Si c’est un premier roman pour l’écrivain italien originaire des Pouilles, le bonhomme n’est pas un novice en littérature puisqu’il est l’un des fondateurs du centre de recherche du PEN sur la poésie contemporaine et les nouvelles formes d’écriture, et le directeur artistique du festival littéraire Poié à Gallipoli.

 

Mimí devant sa fille Arianna : « il est seulement le père de Michele, P. pour le moment il peut rien faire d'autre. Il a pas d'explication, c'est comme ça, depuis que Michele est mort, il sent qu'il a qu'un enfant, il sait pas comment l'expliquer, c'est comme ça. Puis Mimi se tait, sa fille aussi, ils se regardent. Mimi voudrait dire qu'il regrette, mais non, il n'y arrive pas, il ne sait pas pourquoi, il s'en va. Il laisse la porte ouverte. »

Veli, à propos de Nicole : « Je l'entends respirer. Je sais qu'elle ne dort pas. Et en effet elle parle bientôt, à voix basse. Ça me semble absurde de l'entendre parler ainsi, comme si c'était un acte de respect envers moi, une précaution pour ne pas me réveiller au cas où je dormirais déjà ».

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
La couverture me fait déjà trembler ! Mais cet auteur mérite visiblement d'être suivi car il semble très prometteur.
Répondre
V
C'est un premier roman mais on sent que l'auteur n'écrit pas pour la première fois et qu'il sait de quoi il parle.
A
Me voilà bien tentée par l'originalité du style, mais vu ce qu'en dit Ingannmic, je me demande si justement cette originalité ne prend pas trop de place dans l'économie du roman ... A voir, en feuilletant le début quand je le verrai en librairie.
Répondre
V
Oui, tu peux te faire ton propre avis assez rapidement. J'ai été bluffée, moi !
M
Il a l'air assez fort pour un premier roman ! Mais tu me fais hésiter avec cette fameuse scène "répugnante" mais je te fais confiance et je vais le noter...pour plus tard.
Répondre
V
Cette scène est à la fois au coeur du récit et pas forcément indispensable, je trouve.
A
Voilà un premier polar alléchant.
Répondre
V
Costaud, original, marquant.
L
je sais que je n'aime pas trop ce genre de lecture
Répondre
V
Il vaut mieux passer, il est assez violent tout de même.
C
Je l'ai ramené d'un récent séjour en Italie. Une lecture pour moi prévue en VO. Le libraire m'en a dit beaucoup de bien et parlait comme toi de la dimension poétique du texte.
Répondre
V
Oui, c'est un style à part et ça fonctionne bien !
P
Un titre et une couverture qui interpellent ! Apparemment, pour un premier roman, c'est une réussite !
Répondre
V
Eh oui, il faut un début à tout :)
F
Ton billet m'a intriguée et je me sentais déjà céder à la curiosité, mais ta mention d'une "scène d’une effroyable répugnance" m'a refroidie. Je suis si sensible.^^
Répondre
V
La scène est courte et constitue un peu l'explication de tout. Le roman n'en demeure pas moins marquant et très fort.
I
J'ai été très déçue par ce livre... je me permets de recopier ici la conclusion de mon billet : <br /> "Avec son écriture abrupte, enragée, "Je suis la bête" aurait pu être un texte fort, mais il est en réalité surtout pénible, l’effet "litanie" donnant l’impression que ça tourne en boucle et laissant transparaître les ficelles stylistiques. Et puis à force de surenchère et de complaisance dans la violence et le sanglant, le récit perd en crédibilité."<br /> Tu as sans doute raison de souligner son étrange et sobre poésie, mais j'avoue que ses défauts m'ont complètement détachée de ce texte..
Répondre
V
ça reste un premier roman mais j'ai adhéré au style et j'ai apprécié cette vision-là de la mafia.