Jean est un jeune médecin qui a travaillé aux Urgences et qui a quitté les Urgences parce qu’il avait du mal à se remettre de la mort d’un enfant. Il décide donc de s’installer dans un cabinet dans une ville du Sud-Ouest. Il se rend compte qu’il est plus là pour écouter les patients que de les soigner. Il apprend aussi à supporter certains patients insupportables car désagréables, indociles et mauvais. Il voit d’autres partir à regret, certains illuminent sa journée, d’autres - surtout les femmes maltraitées – le rendent plus triste encore. Et il n’arrive pas à exprimer son chagrin par des larmes, elles restent coincées à l’intérieur de lui.
Il arrive qu’on récupère un bouquin réservé depuis plusieurs semaines, hop, on ne sait plus trop pourquoi on voulait l’emprunter. On commence à le lire un soir de fatigue et les premières lignes font mouche tout de suite. Je crois que ce livre possède beaucoup de qualités mais ce sont surtout son authenticité, sa simplicité et sa sincérité que je retiendrai. Au bout de quelques dizaines de pages, le soufflet d’enthousiasme est un peu retombé à cause de quelques clichés et évidences, je dois bien l’admettre, mais le tout est sauvé par de jolis passages et, surtout, un engagement profond de l’auteur en faveur des femmes, c’est tout de même assez rare pour être relevé venant de la part d’un homme. Ce médecin-écrivain-poète très sensible est vraiment touchant par les mots qu’il nous délivre comme de petits cadeaux. Et pourtant, pourtant, je suis partagée : tantôt éblouie par une belle écriture, tantôt crispée par des banalités – des redondances et des étincelles, des fulgurances et des flops. A vous de juger, le bouquin semble faire l’unanimité un peu partout.
Le souhait de la plupart des patients : « avoir quelqu’un qui s’intéresse à eux. Juste de temps en temps. »
« C'est juste qu'on aimerait être prévenu au début de nos études : les gens, souvent, ne viendront pas pouvoir parce qu'ils sont malades. Ils viendront pour avoir l'illusion d'exister quelque part dans cette société de merde : exister pour de vrai et pour quelqu'un, même qu'au cabinet médical c'est remboursé par la Sécurité sociale à hauteur de 25 euros les dix minutes. »
« Je n'ai pas eu souvent, durant ma carrière, de vrais moments où j'ai trouvé un homme admirable. Les femmes, oui, très souvent. Elles affrontent tout, les frangines. Tout. Des tourments de l'adolescence aux affres de la maturité. Un patron harceleur, un mari incapable, deux-trois enfants à élever, la bouffe, les courses, le yo-yo hormonal et les mêmes questionnements sur la condition humaine que les hommes : qu'est-ce que je fous là, est-ce que j'ai la vie que je rêvais d'avoir, est-ce que j'ai pas tout gâché, est-ce que c'est trop tard pour tout recommencer, est-ce que je resterai seul jusqu'à la fin de mes jours si je le quitte, bla-bla-bla ? Ça, c'est admirable. Vraiment. Mais un homme admirable ? Je me gratouille le cervelet : vas-y, Jean, cherche bien, c'est quand la dernière fois que t'as vu en consultation un homme qui t'a rendu fier d'appartenir à la gent masculin ? Ben, désolé : rien ne vient. »