Le narrateur rencontre Vadim Baranov, ancien bras droit de Poutine, surnommé son « Raspoutine » qui va lui raconter toute son épopée ainsi que les secrets du pouvoir russe et de l’ascension de Poutine. L’argent qui coule à flot, les décisions de Poutine aussi imprévisibles qu’absurdes (Khodorkovski, un milliardaire jeté en prison fera figure de modèle), les habitants qui vénèrent toujours Staline, la guerre en Tchétchénie, le joueur d’échecs Kasparov, le labrador qui faisait peur à Angela Merkel, l’Ukraine et les prémices de la guerre, la manipulation de tout un peuple sont autant de thèmes traités par celui qui a été mis à l’écart de l’entourage de Poutine. Si Baranov (de son vrai nom Vladislav Sourkov) est un peu différente par son éducation et sa culture théâtrale, il accepte bien de contribuer à la montée de ce totalitarisme revisité et on n’arrive pas à le plaindre.
Mon avis est plus que mitigé, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire parce qu’on a un premier narrateur qu’on ne retrouvera qu’à la fin et qui ne me semblait pas essentiel ; parce que tout est froid, fond comme forme, et ne m’a pas parlé (est-ce parce que cet univers m’effraie ?) De plus, si le contenu peut intéresser et instruire le lecteur européen, je m’interroge sur sa fiabilité : l’auteur est un journaliste, c’est ici son premier roman qui, certes, semble documenté mais que réfutent certains spécialistes de la politique russe. Je ne m’y connais pas assez pour trancher mais, finalement, si ça peut apporter un éclairage nouveau sur le dictateur Poutine, pourquoi pas. Pour ce livre-là, démêler le vrai du faux me semble tout de même important et ne pas pouvoir le faire m’a dérangée. Je suis restée indifférente face au contenu lui-même, apprenant beaucoup sans rien apprendre au final … entre propagande, répressions et mensonges, il offre une photographie de la Russie à partir des années 2000, mais le style de l’auteur - manquant de fluidité - ne m’a pas plu. Rencontre ratée donc pour moi. Je suis contente d’être arrivée au bout du roman … mais finaliste du prix Goncourt ? Je ne me l’explique pas.
« les fonctionnaires ne souriaient jamais en Union soviétique. »
« Les étrangers pensent que les nouveaux Russes sont obsédés par l'argent. Mais ce n'est pas ça. Les Russes jouent avec l'argent. Ils le jettent en l'air comme des confettis. Il est arrivé si vite et si abondamment. Hier il n'y en avait pas. Demain, qui sait ? Autant le claquer tout de suite. Chez vous, l'argent est essentiel, c'est la base de tout. Ici, je vous assure, ce n’est pas comme ça. Seul le privilège compte en Russie, la proximité du pouvoir. Tout le reste est accessoire. »
« C'est là que j'ai commencé à soupçonner Poutine d'appartenir à ce que Stanislavski appelait la race des grands acteurs. (…) l’acteur qui se met lui-même en scène, qui n'a pas besoin de jouer parce qu'il est à tel point pénétré par le rôle que l'intrigue de la pièce est devenue son histoire, elle coule dans ses veines »