Sur les recommandations répétées d’une bonne amie mais aussi de ma bibliothécaire (« qu’est-ce que vous allez vous marrer ! »), j’ai enfin mis la main sur ce roman.
Mathilde a 63 ans, elle est « petite, large et lourde. » Elle est presque née tueuse en série. C’est lors de la Seconde guerre mondiale, toute jeune, en tant que résistante, qu’elle s’est mise à tuer sans scrupule ni vergogne. Sous la tutelle et la direction du commandant Henri secrètement amoureux d’elle, elle n’a jamais arrêté et ses allures de vieille dame presqu’impotente l’ont rendue encore plus insoupçonnable. Seulement, à 63 ans, elle se met à faire des conneries : elle tue le chien de la cible, s’acharne sur les parties intimes de la victime, oublie de planquer l’arme du crime. Bref, rien ne va plus et Henri songe sérieusement à se débarrasser de Mathilde… En parallèle, les enquêtes désastreuses de flics incompétents s’accumulent, les cadavres se multiplient et on perd les personnages principaux les uns après les autres.
Il s’agit du premier roman de l’auteur, écrit en 1985, que le romancier lui-même a décidé de faire publier tel quel en 2021. Alors si j’ai apprécié l’ensemble qui m’a permis de souffler, de sourire, de m’amuser, de rire, de me divertir… je dois admettre avoir senti qu’il n’y avait pas encore là tout le talent du Lemaitre que nous connaissons aujourd’hui. L’irrévérence et le détachement par rapport aux personnages sont déjà bien présents mais le style n’est pas aussi renversant que celui du Grand Monde, les phrases sont simples, souvent courtes. L’ambiance, la dimension noire et comique et cette petite vieille tueuse en série (mais quel aplomb!) m’ont fait penser à La Daronne et, mission accomplie, je me suis bien marrée. Je n’ai pas boudé mon plaisir je le répète, mais j’ai été un tout petit petit chouïa déçue parce que l’attente était grande.
« Avec Mathilde, jamais une balle plus haut que l'autre, du travail propre et sans bavures. Ce soir est une exception. Une fantaisie. Elle aurait pu agir de plus loin, faire moins de dégâts, et ne tirer qu'une seule balle, bien sûr. »
« C’est une permanente confirmation pour elle, sa fille n'est vraiment pas une lumière, sinon, pourquoi aurait-elle épousé un con pareil… et américain de surcroît. Mais surtout très con. Bref, américain. Heureusement qu'ils n'ont pas d'enfants, elle espère vraiment que sa fille est stérile. Ou lui. N’importe lequel des deux, parce qu’elle n’ose pas imaginer les mômes qu’ils auraient… Des têtes à claques, à tous les coups. Mathilde aime les chiens, mais elle déteste les mômes. Surtout les filles. »