Je fais partie de celles/ceux qui ont découvert cet auteur tardivement. Parmi mes précédentes lectures, c’est La mise à nu que j’avais préférée.
Le narrateur a tout perdu. Ado, son frère et sa mère sont morts dans un accident de voiture. Maintenant, à 22 ans, il vient d’apprendre le décès de son père avec qui il n’était plus très lié, certes, mais il devient alors l’héritier, le seul survivant de la famille. Il accède aussi à une liberté totale, celle de ne plus rendre de compte à personne. Il en profite pour foutre le camp, aller aux Etats-Unis avec ses deux meilleurs amis, Laure qui est son ex, et Samuel qui est devenu l’amoureux de Laure. Autant dire que rien n’est stable, tout est mouvant dans cette existence qui semble devenue bancale et périlleuse. Les trois jeunes voyagent aux USA au petit bonheur la chance : Los Angeles, le Grand Canyon, Las Vegas et même le Mexique. Le narrateur se lie d’une amitié fugace avec Rose, 50 ans, une gérante d’un petit hôtel perdu. Puis il veut à tout prix rejoindre Morro Bay, en Californie, l’endroit évoqué dans sa chanson préférée, celle de Lloyd Cole.
Un petit bonheur de lecture. Court mais dense, c’est un concentré tonique et percutant où il est question de résilience, d’apprentissage de la vie, de renaissance, d’amitié. Ou quand celui qui se retrouve seul, vraiment seul, se demande pourquoi il est encore là et quelle est sa tâche à part « rester vivant ». Les phrases sont courtes, l’auteur va à l’essentiel et ça fait mouche. Je n’ai pas réussi à savoir quelle est la part exacte d’autobiographie dans ce texte d’une belle sensibilité mais on s’en fout, on s’y reconnaîtra tous, à se demander quels peuvent être les différents sens de la vie, pourquoi certains meurent si tôt, pourquoi d'autres restent. Un beau roman à mettre entre toutes les mains.
« Je peux faire de moi ce que je veux. Salto arrière. Flip. Lune.
Je ne rends plus de compte à personne. »
« Une liberté radicale.
C’est rare.
C’est cher.
C’est terriblement cher. »
« J’emporte Rose et ses cinquante ans. Elle garde ici l'idée de mes vingt-deux ans tandis que de l'autre côté de l'Atlantique, je voyagerai ma vie entière avec elle, sans qu’elle vieillisse jamais. Même quand elle mourra, elle continuera de se mouvoir en moi. »