Loin de Sidney, dans les années 60, une ville, Moorabool, en plein bush australien, végète dans une torpeur où les nouveaux venus s’ennuient. Parmi eux, la famille Humphries : un père toujours absent, deux garçons turbulents et une mère d’autant plus anxieuse qu’elle reçoit des coups de fil nocturnes inquiétants d’un « siffleur », un homme qui la menace régulièrement sans que personne n’y prête vraiment attention. Hal, l’aîné des garçons est témoin de massacres d’animaux : un chien puis un chat sont retrouvés assommés et étranglés avec, à chaque fois, une seule griffe en moins. Le flic Mick Goodenough est lui aussi nouveau dans le secteur, en période probatoire, il a été banni du commissariat de Sidney suite à une sombre histoire où il aurait failli. Il est le seul à croire Hal et à s’inquiéter des coups de fil reçus par sa mère. Rajoutons à cela une étrange caravane abandonnée depuis un triple meurtre trois ans plus tôt, la discrimination toujours tenace envers les aborigènes, des collègues flics incompétents, un père infidèle et une mère qui ne l’est pas moins… Mick va avoir du pain sur la planche dans une ambiance hostile où on essaie de lui cacher des informations essentielles.
Du meurtre d’animaux à celui des humains, il n’y a qu’un pas. L’atmosphère caniculaire d’un Noël australien amplifie les tensions de ce roman et pourtant, tout se fait doucement, le romancier prend son temps et la lectrice que je suis a beaucoup apprécié cette langueur, ce décor qu’on prend le temps de planter, cette ambiance qui s’installe au fur et à mesure qui n’est pas sans rappeler un Dennis Lehane ou un Henning Mankell. Hal, le garçon de dix ans, occupe une place prédominante dans l’histoire, il a un côté frondeur façon Tom Sawyer pas désagréable du tout. Il n’y a pas à dire, pour un premier roman, cet écrivain australien fait fort et se place à côté des plus grands. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé cette lecture que je recommande fortement !
« Même toutes fenêtres ouvertes, la maison était étouffante. Le moindre courant d'air ne semblait que redistribuer l'air chaud parmi les pièces. Depuis cinq jours, ils n’avaient pas eu d'autres nouvelles de leur père, censé passer la nuit à Broken Hill ce soir-là, dans un grand hôtel. Il n'avait aucune raison valable de ne pas téléphoner à Maman, mais, le connaissant, il en trouverait une. Elle avait à l'évidence décidé de ne pas attendre à côté du téléphone, à rêver ou à espérer : elle suivit Hal et Evan dans la parcelle inoccupée d'à côté. »