Comme souvent, j’ai choisi ma lecture en fonction de l’endroit où j’allais en vacances. Carofliglio est un romancier né à Bari, dans les Pouilles où j’ai bourlingué les deux dernières semaines.
A Bari et dans les alentours, en cet été 1992, la mafia règne en maître. Lorsque le fils du parrain le plus puissant, Grimaldi, est kidnappé puis retrouvé mort, c’est immédiatement le rival de Grimaldi, Lopez, qui est soupçonné. Fenoglio, un carabinier secondé par Pellechia, un homme qui n’a pas toujours été honnête, mène l’enquête… Lopez se rend, révélant tous les crimes où il a trempé, prouvant ainsi qu’il n’y est pour rien dans l’enlèvement du fils de Grimaldi. Il sera question d’enlèvement éclair, ces kidnappings qui touchent un homme qui vient de gagner illégalement de grosses sommes d’argent et qui, pour rester discret, paie rapidement la rançon sans alerter les flics. Fenoglio qui vient d’être quitté par sa femme, plonge dans une histoire sombre et sordide sous un ciel nuageux (il pleut en juillet – très exceptionnellement !) d’où le titre oxymorique du roman.
J’ignorais qu’une mafia sévissait dans les Pouilles ! L’intrigue est bien menée, les personnages intéressants, la situation géographique stimulante surtout pour moi qui ai sillonné les rues de Bari, Palese ou Santo Spirito… Il y a un je-ne-sais-quoi d’original, une écriture fluide et intelligente, une justesse dans le ton. Les discussions entre les deux flics que tout oppose sont intéressantes aussi. Carofiglio sait de quoi il parle puisqu’il a été juge du pôle anti-mafia à Bari. Une belle pioche !
J’ai découvert en Italie que Carofiglio connaissait un grand succès, se classant parmi les auteurs les plus lus en 2022, notamment avec son dernier roman, Rancore, pas encore traduit en français.
« Lopez demanda la permission de fumer lui aussi. Il était civilisé, se dit Fenoglio. C'était un meurtrier civilisé. Il avait même l'air sympathique. Un mot absurde -sympathique- pour qualifier un homme qui avait passé sa vie à voler, faire du trafic, extorquer de l'argent et tuer sans pitié. Ce n’était la première fois que Fenoglio se faisait ce genre de réflexion. Il y avait des criminels stupides, brutaux, méchants et odieux. Ils étaient comme doivent être les criminels pour correspondre à une vision simple et rassurante du monde. Vous êtes différent de nous. Vous êtes les méchants, nous sommes les gentils. Tout est clair et déchiffrable. »