D’après Tania de Montaigne
Claudette est une jeune Noire qui a grandi en Alabama dans les années 50 à l’heure où la ségrégation vivait encore ses heures de pauvre gloire… Un jour de mars 1955, dans le bus, elle refuse de se lever pour céder la place à une femme blanche. A 15 ans. La police est appelée, les flics malmènent Claudette et elle est accusée de « troubles à l’ordre public, d’agression à l’égard d’un policier lors de son arrestation et d’avoir violé les lois de la ville en refusant de céder son siège. » Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Mais c’est bien Claudette une des premières femmes noires à avoir résisté, Rosa Parks est venue plus tard, en décembre 1955. Pourquoi n’a-t-on retenu que le nom de Rosa Parks ? Parce que Claudette est tombée enceinte quelques mois plus tard (d’un homme blanc, en plus !) et que les leaders noirs ont préféré taire son histoire au profit de celle de Rosa Parks considérée comme dévote, intègre et très religieuse. Ça passait mieux.
J’ai beaucoup aimé cette lecture même si son point fort constitue aussi son point faible : schématiser. Les dessins sont simples, clairs, nets et précis… et parfois trop simples au point de confondre les personnages ou de (presque) tomber dans la caricature. Mais l’histoire est évidemment touchante et doit être connue du plus grand nombre. Être noir et être femme, c’est la double peine : c’est Martin Luther King et trois leaders noirs et blancs qui posent devant un bus, alors qu’elles étaient au moins quatre plaignantes qu’on a voulu laisser dans l’ombre. Claudette a été sacrifiée et est tombée dans l’anonymat. Elle souhaitait devenir avocat, elle a été aide-soignante toute sa vie, rejetée parce qu’elle avait un enfant trop clair. On a attribué son nom à une rue mais attention, une toute petite rue misérable de Montgomery. Je me permets de mettre sa photo ci-dessous, maigre hommage…
Petite question : n’y a-t-il que des femmes autrices qui s’intéressent à ces héroïnes méconnues au parcours courageux ? Je dis ça parce que j’avais d’abord lu « Emile » pour le prénom de l’auteur avant de me dire « Ben, non, « Emilie », évidemment, évidemment, c’est une femme… ».
La BD est une adaptation du livre de Tania de Montaigne, animatrice et écrivaine.
Bonnes vacances aux concerné(e)s, bel été à toutes et tous !