- Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes -
Préhistoire : non, les hommes n’ont pas été les seuls à chasser, les femmes ont eu leur rôle à jouer, elles ont même su espacer les naissances et elles étaient parfois à l’origine des peintures rupestres. Contrairement à notre époque, le sexe féminin a souvent été représenté. Il est vrai qu’on ne dessine pas de vulve aujourd’hui sur les portes des WC publics… Au Néolithique, la sédentarité a engendré des problèmes de violence dus à la notion de propriété. Qui dit inégalité dit femmes placées au rang inférieur. Personne ne sait que le premier auteur connu de l’humanité est une femme, Enheduanna (et le texte est un poème s’adressant à une déesse).
Au Moyen-âge, les femmes jouent un rôle important… un peu partout : chevaleresses, orfaveresses, enlumineuresses, artisanes, bâtisseuses de cathédrale, trobairitz (féminin de troubadour…). Il y a eu des princesses et des reines intelligentes, actives et influentes (Brunehaut qui a permis de créer une justice d’Etat, la police, ou a interdit les mariages forcés).
La Renaissance avec tout ce que la période a de positif ne semble pas concerner les femmes : leur pouvoir s’atténue et elles sont à nouveau considérées exclusivement comme des mères.
Au XVIIIè siècle, nos grands auteurs (Voltaire, Rousseau, La Bruyère, etc) ont accumulé les remarques franchement sexistes à l’égard des femmes et on a nié le rôle important qu’elles ont joué lors de la Révolution. Pour éviter que tous ces hommes au pouvoir soient jaloux les uns des autres, on a choisi une femme, Marianne, pour représenter la République.
Au XIXè siècle, des femmes romancières ont existé mais sont passées aux oubliettes. La femme est montrée comme faible, fragile ou malade (c’est vrai, souvenez-vous de vos lectures). Les féministes existaient pourtant déjà, elles se sont battues pour le droit de vote, les études universitaires, l’indépendance économique des femmes. Julie-Victoire Daubié est la première femme à obtenir le bac puis une licence de lettres en 1871. A la fin du siècle, des « grèves de dignité » ont mobilisé des ouvriers et ouvrières surtout pour dénoncer le harcèlement sexuel de certains chefs.
Pendant la Première Guerre mondiale, les viols de guerre étaient nombreux et le statut de la femme, plutôt que d’être valorisé (c’est elle qui prenait tout en charge quand le bonhomme partait combattre), a été déprécié encore une fois. Les femmes doivent surtout repeupler le pays, elles n’ont toujours pas le droit de vote contrairement à d’autres pays malgré des femmes extraordinaires comme Louise Weiss (qui mène la « campagne d’ironie », c’est à la fois drôle et sarcastique).
Pendant la Deuxième Guerre mondiale (et après), le rôle des résistantes a été minimisé ; on retient surtout, de la femme, celle qui a été tondue pour avoir couché avec l’ennemi. Il y eu des viols pendant ce conflit mais ceux perpétrés en France par les Américains sont tombés dans l’oubli plus que dans d’autres pays, et puis les Noirs ont été souvent accusés de viol, racisme et sexisme vont si bien ensemble…
Pour finir par l’époque contemporaine, de récentes études prouvent que l’ovule attirerait le spermatozoïde en le sélectionnant. Aux oubliettes, l’image du spermatozoïde super champion, actif et vigoureux.
Un livre passionnant qui remet les pendules à l’heure et prouve par A+B que les femmes n’ont pas toujours été montrées comme inférieures aux hommes, qu’une partie de la véritable Histoire a été bien camouflée. Ce qui me dépasse et qui est soulevé à la fin du livre par l’autrice, c’est que l’actuel programme d’histoire de Seconde continue à taire l’implication et le rôle des femmes : six pages sur 277 sont consacrées aux femmes dans un manuel scolaire, pourquoi si peu ? Pourquoi s’entêter à vouloir nier l’évidence ? Ce qui ressort de cet aperçu à travers les siècles, c’est que tout est affaire de cycle : lorsque les femmes ont réussi à se faire une place dans la société, elles ont été humiliées les décennies suivantes ; chaque avancée a été suivie d’une régression. Alors quand on sait qu’aux Etats-Unis, le droit à l’avortement est remis en cause, ça fait peur. Vraiment peur. L’œuvre se lit avec aisance, Titiou Lecoq rattache souvent les préjugés évoqués à sa propre expérience, ce qu’elle a appris à l’école, ce qu’elle a découvert plus tard, comment elle-même a évolué (et c’est qu’il nous faut, accepter de changer). Les mots sont simples, souvent drôles, efficaces et clairs. Tout le monde devrait lire ce livre !
Quelle belle citation de Napoléon Bonaparte ... ... : « La femme est donnée à l'homme pour qu'elle lui fasse des enfants ; elle est sa propriété comme l'arbre à fruits est celle du jardinier. »
« Les femmes ne sont pas un accident de l’histoire. Une donnée négligeable. Leur exclusion du pouvoir politique est en soi un sujet historique qui mériterait une large place dans les programmes. C’est important. C’est essentiel. »