Je me félicite parfois d’avoir du flair. J’ai d’abord été attirée par la couverture de cette BD, puis par ses dessins. Belle pioche !
Paris, les années 20. Rose s’apprête à entrer sur scène. Pour la première fois, dans « une de ces nuits parisiennes enivrantes ». Pour danser. C’est une réussite, les applaudissements sont nombreux et chaleureux. Les autres danseuses et la mère de Rose sont toutes fières de cette première prestation. Rose est un jeune garçon. Il a été élevé dans ce cabaret parisien entouré de femmes. Depuis tout petit, il aime revêtir des habits féminins, ça ne lui pose aucun problème, pas plus qu’à sa mère, tenancière de ce « Jardin » où les artistes portent toutes des noms de fleurs. Dès sa première prestation, Rose attire l’attention. Un admirateur assidu va forcer l’interdit et se présenter à Rose dans sa loge. Il s’agit d’Aimé, un riche homme solitaire qui va prendre le garçon sous son aile.
A la suite de ce résumé, vous vous attendiez sans doute à lire que cet Aimé deviendrait l’amant de Rose, peut-être qu’il abuserait de son innocence, que Rose serait moqué pour son androgynie. Rien de tout ça. Là est justement toute la force de ce magnifique album. Sans être mièvre, les personnages évoluent avec naturel dans un monde où on peut s’habiller en femme quand on est un garçon, où peut passer l’été avec un homme deux fois plus âgé sans qu’il y ait anguille sous roche. Ni quolibets ni moqueries, ni ambiguïté ni discrimination. Et c’est délicieux. Cette ode à la tolérance, à la simplicité et à la bienveillance revêt des charmes rares et le contexte des années 20 renforce cette délicatesse et cette élégance. J’ai été séduite du début à la fin tant pour le fond que pour la forme, l’histoire frôle le conte dans un univers où les contraintes et les faux-semblants n’existent pas ou si peu. Que c’est bon !
∞ COUP DE CŒUR ∞
La première rencontre entre Aimé et Rose : « Je souhaitais vous dire de vive voix que je vous trouve incroyable. Je n'ai pas encore trouvé tous les mots pour vous exprimer pour que je ressens lorsque je vous regarde danser, mais si vous me permettez de venir vous admirer encore longtemps, je les trouverai. »