Sandrine est une jeune journaliste qui part sur une petite île normande pour vider la maison d’une grand-mère qu’elle n’a jamais connue. Les rares habitants de l’île sont plus étranges les uns que les autres mais de Sandrine elle-même, nous n’avons que des bribes de son passé qu’on sait douloureux. L’île vit au rythme de souvenirs tragiques puisque des enfants sont morts noyés peu après la Première Guerre mondiale. Ce qui surprend Sandrine, c’est que les occupants de l’île louent la vieille dame qu’était sa grand-mère alors que Sandrine la croyait folle depuis des années. L’inspecteur Bastien intervient quand on retrouve cette même Sandrine, sur une plage normande, à répéter une histoire qui semble n’avoir ni queue ni tête. Est-elle folle ? Ment-elle ?
Quel polar passionnant ! Sans être original de prime abord, le roman dévoile des secrets et des tours de passe-passe qui surprennent le lecteur. J’ai vraiment aimé le contexte spatial, cette île comparable au cadre des Hauts de Hurlevent, mais aussi cette ferme isolée de tout où se déroule l’intrigue principale. Le polar tire surtout sa force de la dimension psychologique assez remarquable : les « refuges » sont ces endroits dans notre cerveau où on s’enfuit en cas de problème, un lieu différent, souvent meilleur qui permet de supporter le pire. Je n’en dis pas plus. Rajoutons que certaines scènes sont assez violentes et que l’adaptation cinématographique du roman pourrait être intéressante.
« Voyez-vous, reprit-il avec une voix douce, cette île est spéciale. Elle est notre refuge, notre gage de sécurité. Comme tout refuge, si trop de monde s’y cache, elle devient caduque et inutile. C’est un équilibre précaire, je l’admets, mais c’est ainsi. Et nous devons le protéger. »