Enfant déjà Sarah se distinguait par son fort caractère et sa combattivité, et le « Je ferai toute ma vie ce que j’ai envie de faire ! » est devenu son hymne personnel. Comédienne, elle n’hésite pas à ouvrir les portes du Théâtre de l’Odéon pour accueillir les blessés lors du siège de Paris en 1870. Elle entre à la Comédie-Française et rencontre ensuite Victor Hugo avant de jouer avec succès son Ruy Blas. L’écrivain la surnommera la « Voix d’or ». Elle démissionne de la Comédie-Française et part en tournée aux Etats-Unis où elle rencontre Oscar Wilde. Elle joue souvent des rôles d’hommes et prend la décision de créer son propre théâtre. A partir de 1894, sa collaboration avec Mucha va être une réussite. Jules Renard, Edmond Rostand ou encore Zola figurèrent également parmi ses nombreux admirateurs. Une tuberculose osseuse la contraint au repos mais elle veut continuer à jouer et réclame elle-même à se faire amputer d’une jambe. Elle poursuivra ses spectacles avec vaillance optimisme, s’isolant de temps en temps à Belle-Île.
C’est une biographie quasi complète, intéressante et rythmée que nous proposent les deux auteurs. J’ai appris pas mal de choses parce que j’en ignorais beaucoup au sujet de cette « Divine », son tempérament frondeur et pugnace ne peut qu’impressionner : elle aurait chanté la Marseillaise en partant se faire amputer. Sa liberté d’esprit est remarquable également pour cette époque de fin XIXème, elle choisit pour amants aussi bien des hommes que des femmes, elle promène un guépard en laisse mais souhaite aussi faire d’un crocodile son animal de compagnie. La dessinatrice Marie Avril nous rend cette comédienne attachante et, avec des couleurs qui nous rappellent l’œuvre de Mucha, nous plonge dans cette époque de la fin XIXè au début du XXè siècle. C’est encore une bonne pioche que ce roman graphique !
Un soir, après une représentation : « Ce soir, j’ai compris que mes forces vitales sont au service de mes forces intellectuelles. Je me suis trouvée, ayant donné plus que de raison, et parfait équilibre et cela a fait naître en moi le sentiment d’être invulnérable ! »
« Il vaut mieux mourir en plein combat que de s’éteindre avec les regrets d’une vie manquée. »
1ère guerre mondiale, devant les tranchées : « J’espère voir un jour la victoire de l’esprit sur la matière défaillante ! »
« Les heures qui ont pris leur envol, emportant ma jeunesse, m’ont laissé ma vaillance et mes souvenirs. Mon existence m’a menée dans le foyer incandescent de toutes les passions réelles ou rêvées. »