Laura a rendez-vous avec le maire de la ville. Fille du chauffeur particulier de ce même maire, à 20 ans, elle cherche un logement et éventuellement un travail que l’élu pourrait lui apporter sur un plateau d’argent. D’emblée, on comprend que cette entrevue s’est passée d’une bien drôle de manière que le lecteur découvre petit à petit. A vingt ans, Laura est très belle. A 48 ans, le maire devenu ministre, se croit tout permis. Inutile de vous faire un dessin. Le père de Laura, Max, boxeur sur le retour, va prendre une grande place pour casser ce duo malsain. Le tout se joue dans une ville en bord de mer, qui vit au rythme des marées.
J’ai mis un petit temps à comprendre que « la fille qu’on appelle » était la traduction de « call-girl » ! Cela étant dit, j’aime toujours autant l’écriture de Tanguy Viel, maligne et joueuse. On devine rapidement de quoi il peut s’agir mais l’auteur étire le suspense, le rend élastique, tire sur les cordes de l’intrigue, tourne autour du drame principal et prend son temps pour en venir aux faits. Et pour moi, il a peut-être trop pris son temps. Même si le livre est très court (174 pages), la longueur des phrases et les détours m’ont un peu égarée. Il n’y a pas que ça. Si l’écriture est originale, le traitement du thème n’a, d’après moi, rien révolutionné. C’est assez prévisible et on frôle le cliché… J’ai tout de même apprécié que ce soit un homme qui évoque le sujet et que la déposition de Laura insiste sur l’idée d’un piège tendu de manière insidieuse. Mais cette lecture restera une légère déception, surtout par rapport à Article 353 du code pénal que j'ai tellement aimé.
« Dans toutes les histoires il y a cela, un passé minéral qui sert de socle à tous, du genre qui dans les livres se rédige au plus-que-parfait, paysage de ruines qu’on trouve en arrière-plan sur certains vieux tableaux. »
« Et tout ce que je peux vous dire, elle a repris, c’est ce qui nous étouffe quelquefois, ce n’est pas la panique de l’instant, plutôt la vue qu’on a soudain sur son propre futur. »
« Il ne vous a rien demandé ? Non. Pas vraiment. Donc vous l’avez fait de votre propre volonté ? Non, je vous dis, c’était ce que je devais faire, ça ne veut pas dire que c’était ma volonté. »