« Prière de rendre l’âme sœur »
Albert est un gars au physique ingrat, au passé douloureux, à la personnalité effacée et veule. Il fait un travail un peu particulier puisqu’il se nomme « pirate fossoyeur » ou « croque-voleur de morts », en somme, avec un petit groupe de malfrats, il va piller les maisons où le propriétaire vient de mourir. Sa routine de voleur va connaître quelques soubresauts lorsqu’il tombe amoureux d’une morte. Même s’il tente de vivre avec le cadavre quelque temps, il se rend compte qu’il va devoir s’en débarrasser. Il n’aura alors de cesse de retrouver une jeune fille ressemblant à sa Dolores pour vivre avec elle une belle histoire d’amour entre tortionnaire et séquestrée. Entre collègues, rien ne va plus, les jalousies et les règlements de compte se succèdent et Albert va finir par se retrouver seul. Pas pour longtemps.
Quatrième tome d’une série dont je n’ai pas lu les premiers opus, la BD se lit cependant indépendamment des autres. Si j’ai bien compris, à chaque tome son narrateur, un membre de cette clique sordide. L’ambiance est résolument glauque et lugubre. Le sociopathe que nous suivons a un côté fleur bleue (il chantonne du Cabrel et du Céline Dion) et enfantin qui renforce sa part de détraqué. On hésite entre vomir et rire. Pour la petite anecdote, ma fille de 13 ans a absolument voulu avoir cette BD qu’elle avait croisée dans une librairie. Quand j’ai lu l’opus, après elle, je me suis dit que ce n’était pas tellement une lecture pour son âge… Elle m’en a parlé, s’est dit un peu choquée sans être traumatisée pour autant. Mis à part le fait que le récit et les images donnent la nausée, j’ai bien apprécié et l’intrigue qui, par ses retours en arrière, nous permet de comprendre la psychologie tordue des personnages, et les dessins très colorés de ce Julien Monier que je ne connaissais pas. Chaque court chapitre débute par une citation (Coluche, Nietzsche, Dominique A, Einstein… c’est très varié) que j’ai trouvée bien à-propos. Une petite plongée dans la tête d’un sociopathe tout à fait rafraîchissante…
J’avais déjà lu Gaet’s dans Un léger bruit dans le moteur tout aussi festif et léger.