Raskolnikov est un ancien étudiant « extraordinairement beau » complètement fauché qui vit à Saint-Pétersbourg. Sans raison évidente mis à part le fait de lui prendre quelques objets de valeur et peut-être par mégalomanie, il décide d’assassiner sa prêteuse sur gages, Ivanovna, qu’il assomme d’un coup de hache. Il pense que tout le monde la déteste et qu’elle ne manquera à personne. Il se fait surprendre par la sœur d’Ivanovna qu’il est bien obligé de tuer elle aussi en lui sectionnant la tête. Les quelques jours qui suivent le double meurtre sont assez confus pour le héros, il est en proie à des malaises, à de petites crises de folie, il est parfois à deux doigts de révéler la vérité. Mais s’il pense qu’un officier de police le soupçonne, il n’en est rien. Le jeu du chat et de la souris se poursuit même quand un autre homme est accusé du double crime. La mère et la sœur de Raskolnikov le rejoignent, Svidrigaïlov, un ancien amoureux de la juene femme vient mettre son grain de sel, et Sonia, une prostituée prise de Raskolnikov, va l'accompagner dans sa démarche d'aveu final.
Je ne vais pas vous dire que la lecture a été évidente du début à la fin, le principe des marées n’était pas loin : j’étais motivée puis beaucoup moins puis à nouveau intéressée puis barbée… J’ai été surprise d’avoir à faire à un « polar » et j’ai adoré certains très beaux passages mais plusieurs chapitres m’ont un peu ennuyée, d’autres profondément ennuyée, d’autres encore déroutée (des personnages surgissent sans qu’on en comprenne vraiment la raison). Il faut aussi apprivoiser les prénoms et noms, Sonia s’appelle tantôt Sonia, tantôt Sofia ; chaque personnage a plusieurs noms, surnoms et diminutifs. Des détails qui m’ont marquée : Dostoïevski voue une passion pour le verbe « marmotter » qu’il utilise des dizaines de fois dans son roman. L’action se passe en juillet et, chose incroyable, le romancier insiste sur la chaleur « suffocante » de St-Pétersbourg ! J’ai lu qu’une adaptation théâtrale du roman avait été donnée à Paris dans les années 30 et c’est un grand froid qui avait été retenu pour rendre cela plus crédible auprès des Parisiens… C’est assez drôle de trouver, dans la bouche des personnages, la chanson « Malbrough s’en va-t-en guerre » … A noter aussi que de descriptions, il n’y en a pas tant, les dialogues sont bien plus nombreux, qu’ils soient au discours direct ou indirect. La tension dramatique enfle à la fin du roman par paliers, quand il n’y en a plus, il y en a encore en somme, et retombe comme un soufflet dans l’épilogue que j’ai pourtant beaucoup aimé. Je crois que mon gros problème, c’est que je n’ai trouvé mon compte dans aucun des personnages. Pour finir, j’ai apprécié cette lecture mais j’ai aussi beaucoup aimé la terminer !
Une tentative de justification du crime : « Si on la tuait et qu’on prenne son argent avec l’intention de le faire servir au bien de l’humanité, crois-tu que le crime, ce out petit crime insignifiant, ne serait pas compensé par des milliers de bonnes actions ? Pour une seule vie, des milliers d’existences sauvées de la pourriture. Une mort contre cent vies. »
« Je n’ai pas tué un être humain mais un principe. »
« J’ai pu me convaincre alors que le pouvoir n’est donné qu’à celui qui ose se baisser pour le prendre. Tout est là, il suffit d’oser. J’ai eu alors une idée qui n’était venue à personne jusque-là. A personne ! Je me suis représenté clair comme le jour qu’il était étrange que nul, jusqu’à présent, voyant l’absurdité des choses, n’eût osé secouer l’édifice dans ses fondements et tout détruire, envoyer tout au diable… Alors moi, moi, j’ai voulu oser et j’ai tué… Je ne voulais que faire acte d’audace, Sonia ; je ne voulais que cela : tel fut le mobile de mon acte ! »
« …souffrir en reconnaissant son erreur. C’est son châtiment. »