August Brill est un vieil homme impotent. Ancien critique littéraire, il est souvent cloué dans son lit, en proie à l’insomnie et il pense, il rêve, il s’invente des histoires. Tenez, par exemple, il y a cet homme, Owen Brick, qui se réveille dans une grande bulle fermée, et, lorsqu’on le sort de là, il se rend compte que l’Amérique est en pleine guerre civile, que l’attentat du 11 septembre n’a pas eu lieu, que sa mission – en tant que caporal, fonction qu’il se découvre ! - est de tuer l’ennemi public n°1… qui n’est autre qu’August Brill lui-même ! Quand August Brill ne cogite pas, il s’inquiète pour sa fille et sa petite-fille, deux femmes qui se sont retrouvées sans leur compagnon. Et le monde réel s’imbrique dans le monde fictif à moins que ce soit l’inverse.
On sait qu’avec Paul Auster, on va sortir des sentiers battus, et c’est le cas ici. C’est un adepte des récits enchâssés, l’histoire qui nous raconte qu’un type raconte une histoire. L’uchronie proposée dans l’univers parallèle est assez effrayante. Sans doute faut-il aussi voir dans ce roman une critique des Etats-Unis, Bush en prend pour son grade et la guerre en Irak est clairement dénoncée. J’ai beaucoup aimé cette lecture où le personnage principal s’échappe de sa réalité pour en créer une autre, je me suis attachée aux personnages secondaires et la fin m’a beaucoup plu aussi, prenant une tournure plus intimiste et touchante.
J’ai pioché cette idée de lecture chez Rachel, je la remercie !
De l'auteur, j'avais adoré Brooklyn follies.
L’incipit : « Seul dans le noir, je tourne et retourne le monde dans ma tête tout en m’efforçant de venir à bout d’une insomnie, une de plus, une nuit blanche de plus dans le grand désert américain. »
« Il existe plusieurs réalités. Il n’y a pas qu’un seul monde. Il y en a plusieurs, et ils existent tous parallèlement les uns aux autres, mondes et antimondes, mondes et mondes fantômes, et chacun d’entre eux est rêvé ou imaginé ou écrit par un habitant d’un autre monde. Chaque monde est la création d’un esprit. »