A l’orée d’une jungle, quelque part en Amérique du Sud, un père emmène son fils apprendre à pêcher, à tirer à l’arc et à apprivoiser ce fleuve si violent. L’escapade tourne à la tragédie, le fils n’a pas écouté les conseils du père, a bu l’eau empoisonnée du fleuve, et les membres du corps engourdis, a été aspiré par les tourbillons de l’eau avant de se faire happer par un poisson géant. Le père, fou de douleur, se jure de ne plus rentrer auprès de sa femme pour lui éviter l’annonce de la disparition de leur fils. Il s’enfonce dans la jungle, prêt à vivre les pires souffrances. Blessé, il va rencontrer la Cuja, une sorcière guérisseuse qui le pousse à accomplir plusieurs épreuves pour retrouver son fils.
Les premières pages sont d’une violence inouïe qui donne un haut-le-cœur au lecteur. Pourtant, on est immédiatement liés à ce drame, l’auteur nous associe à la tension dramatique et rend la lecture complètement addictive. L’écriture est à l’image de la magie envoûtante de la Cuja, tantôt poétique, tantôt incantatrice, elle engloutit le lecteur dans un univers à part. Entre fantastique et onirisme, le récit initiatique revêt la peau du conte noir en se parant d’atours poétiques. Un texte particulier qui m’a beaucoup plu même si les 150 pages m’ont suffi, un uppercut qui vaut le détour mais qui n’est pas de tout repos.
C’est le premier roman de cet auteur américain.
« Soleil au travers du feuillage – lumière qui traverse par intermittence ses paupières encroûtées de sel. Un doux moment de conscience sans pensées, né dans un monde privé de mémoire. Puis… Le garçon. Et l’homme roula sur le côté et son estomac se vida. Il aurait souhaité que son esprit chevauche la vague de l’expulsion. »
« Une douleur irradia sa poitrine et il sut qu’elle ne le quitterait plus jamais. Il redouta qu’elle ne le coupât en deux. Il espéra qu’elle le couperait en deux. »