Albert Einstein vient de mourir. Sous une impulsion soudaine et inexpliquée, son médecin légiste, Thomas Stolz, extrait le cerveau du cadavre et l’emporte chez lui. Alors qu’il tente de cacher le bocal contenant le cerveau dans sa cave, il tombe nez-à-nez avec le professeur Einstein, le crâne ouvert. Le vieil homme indulgent et bienveillant n’est là que parce qu’il avait un travail en cours et que ça l’ennuyait « de tout laisser en plan ». Evidemment, le vol est vite connu, le directeur de l’hôpital en veut à Stolz qui aimerait collaborer avec la belle Marianne, une neurologue. Le FBI s’emmêle et l’improbable trio s’enfuit avec le cerveau. Après moult péripéties, ils arrivent dans un hôpital désaffecté où sévit le Dr Seward entouré de patients psychologiquement atteints. Il s’agit, encore et toujours, de savoir ce que ce cerveau de génie contient de particulier.
Cette extraordinaire odyssée prend des allures de quête sans fin. Les dessins font plus que rendre honneur à cette intrigue loufoque assaisonnée de discours scientifiques, ils sont un chef d’œuvre à part entière. Après Pereira prétend, Malaterre ou encore La grande école, je peux m’affirmer fan du dessin de Gomont qui, par son trait sauvage parfaitement maîtrisé, appelle au rêve et à l’évasion. Avec peu, il crée une sublime étincelle comme le prouvent les dernières planches, majestueusement tendres et poétiques. Quant au scénario, je l’ai trouvé un brin longuet et entortillé mais on ne peut que s’attacher à cet Einstein au crâne découpé, docile, humble et sympathique. Ça sent un peu la comédie américaine avec le vieux monsieur qu’on trimballe, le héros maladroit et la belle blonde mais c’est drôle et bien trouvé. Et puis, il y a le trait vif de Gomont, sa large palette de couleurs, les jeux d’ombre, les beaux paysages… je crois que je radote, lisez-le !