J’ai chapardé ce livre à une gentille collègue…
Deux copains, la trentaine, qui se sont rencontrés dans un bar de Hong-Kong décident de parcourir l’Amérique du Sud depuis Mexico jusqu’à Ushuaïa. Sans grande expérience, avec souvent que leurs pieds pour moyen de transport, ils vont marcher plus de 7000 kms en un an, rencontrer les autochtones, se faire peur, gravir des montagnes et des volcans, suer et grelotter, souffrir et déconner. Attentifs à l’environnement qui les entoure, ils constatent que les déchets sont partout et que l’éducation à l’écologie ne se fait pas dans tous les pays. Entre les mines d’argent et d’or, l’huile de palme, la construction de barrages, de canaux, l’épandage de pesticides, la nature est toujours la première victime.
Je suis friande de ce genre de récit de voyage ! Celui-ci se trouve dans un beau livre où des photos accompagnent les textes. Les deux compagnons prennent la parole à tour de rôle. Evidemment, comme souvent, l’objectif n’est pas la belle prose ni la qualité littéraire mais l’esprit d’aventure compense cela allègrement ! J’ai aimé les découvrir humbles et pas complètement inconscients (ils ont actionné leur balise de détresse quand ils se sont rendu compte que leur guide, en jungle, n’était pas fiable, et qu’Elliot s’était blessé au poignet), ils prennent aussi, très épisodiquement l’avion (entre Lima et La Paz par exemple) et la voiture quand on leur propose. Ils savent aussi s’arrêter le temps d’une nuit dans un hôtel climatisé avec télé. Leur rythme de marche est impressionnant puisqu’il avoisine les 40 kms/jour. Comme souvent dans ce genre d’aventure, c’est l’accueil des habitants qui surprend : les plus démunis offrent un toit et de quoi se nourrir à deux Occidentaux. Ils ont souvent été tentés de rester quelques jours mais n’ont pas dévié de leur objectif. On comprend qu’ils grandissent en avançant et surpassent leurs limites, se stimulant et se motivant l’un l’autre. Je suis toujours admirative de ce genre d’exploit et pas mal envieuse parce que j’aimerais m’y coller aussi (bon, sans doute pas une année entière). Ces aventuriers engrangent des souvenirs uniques qui transforment leur vie.
J’ai – entre autres – aimé les salars, ces déserts de sel que les touristes viennent admirer dans de gros 4x4 : « J’estime que la beauté de cet environnement ne s’apprécie qu’après y avoir souffert, après y avoir vécu tout simplement : le craquement de la croûte de sel qui casse les genoux, la réverbération qui défonce les lèvres, le vent de face qui rend fou d’une rage quasi incontrôlable et finalement, quand le soleil se couche, un froid polaire qui me donne une chair de poule quasi constante. Et pourtant ce matin, je souris, heureux comme un gamin avec une chair de poule qui elle n’est pas due au froid mais à ma joie. »
« Je comprends à l’instant même que notre plus grand apprentissage est d’accepter ce qui est, et ainsi d’avancer sans regarder le passé, mais en continuant à repousser constamment ce dont nous sommes capables dans le futur. »
Merci Carole !