Vanda est une jeune femme à part. Elle vit seule avec son fils Noé, 6 ans, dans un très modeste cabanon sur la plage, dans une grande ville du Sud de la France. Impertinente et impulsive, elle gagne péniblement sa vie en faisant le ménage dans un hôpital psychiatrique. Cet équilibre déjà fragile vacille le jour où Simon, le père de Noé, découvre sa paternité. Perdu entre sa nouvelle vie de bobo parisien et son passé de fêtard du Sud, il tient à assumer sa part de paternité alors que Vanda préfère continuer sa vie d’avant – seule avec Noé.
J’ai beaucoup aimé cette lecture. Avec peu, on peut faire beaucoup. Des personnages bien dessinés, un cabanon sur une plage, un contexte de crise sociale et des êtres à la dérive… il n’en faut pas plus pour créer une étincelle et amener le récit vers une tension dramatique. Et le texte pose des questions, celui de la parentalité, de la précarité, de l’amour exclusif entre une mère et son fils à la fois sublime et malsain. On penche tantôt du côté de Simon, tantôt de celui de Vanda, on hésite à voir Vanda comme une victime, parfois comme un bourreau. A la fois solaire et très sombre, Vanda ne tranche pas, laisse les portes ouvertes… et marque, tout simplement. Efficace, brut et brutal.
« La haine se mêle à la peur, Vanda se sent au bord de l’explosion, tout au bord. Qu’ils crèvent. Que leurs sourires cyniques s’élargissent au couteau. Qu’ils étouffent dans leur mépris, se carrent leurs millions dans le cul et qu’ils crèvent. »
Vanda se fait virer mais il manque pourtant du personnel : « Vanda voit surtout que ce sont deux choses contradictoires, un peu comme baisser le nombre d’enseignants pour promouvoir l’éducation ou faire sauter des allocs pour lutter contre la pauvreté. Elle n’est pas cortiquée pour ce type d’illogisme. Au rythme où se multiplient les non-sens, les hôpitaux psychiatriques vont se remplir de plus en plus. »