Lola Cam travaille au bureau de poste de Trébuailles, en Bretagne, et elle adore jardiner. Elle vit seule, garde des photos de ses fleurs et ses plantes dans son portefeuille et elle est heureuse. Seule et heureuse. Mais un jour, elle se pose cette question : à se croire toujours heureuse, n’est-elle pas passée à côté du bonheur ? La narratrice est une écrivaine qui, parce qu’elle est tombée sur une carte postale qui l’a inspirée, est allée vivre trois mois dans un petit village breton, tiens, à Trébuailles justement. Elle y rencontre Lola, la même femme boiteuse de la carte postale. Une amitié aussi inattendue que rapide lie les deux femmes et s’associe à la lecture des petits secrets des aïeules de Lola. Ces confessions ont trouvé refuge dans des cœurs en tissu soigneusement cousus et transmis de mère en fille, dissimulés dans une armoire de noces. La personne de Lola, sa vie et son entourage pourraient bien constituer la matière première de l’écrivaine …
Il est original d’intervenir dans le récit en tant qu’autrice et de rencontrer ses personnages. La frontière entre réalité et fiction est ainsi constamment malmenée. Ses contours si flous nous font croire que Carole Martinez a écrit ce qu’elle a vécu dans ce petit village breton, souvent entourée des paroles des petites vieilles qui tiennent leur quartier général au bureau de poste. Il est beaucoup question d’amour et de transmission mais aussi de renaissance. Lola revit, s’ouvre, s’épanouit comme les fleurs qu’elle chérit tant. J’ai beaucoup aimé m’installer dans ce roman, il est parfumé, sensuel et confortable. Je me suis parfois un peu perdue dans les entrelacs des histoires de femmes, j’aurais souhaité davantage de simplicité et je n’ai pas toujours adhéré au romanesque si concentré, omniprésent – je n’ai pas cru à l’histoire d’amour, par exemple. Mais j’ai adoré les va-et-vient entre réalité et fiction, les réflexions sur l’écriture et sur la création d’un roman. C’est un livre qu’on emporte un peu avec soi une fois terminé et cet argument vaut son pesant d’or. Et puis, quelle belle écriture ! De la dentelle !
J’avais lu Le cœur cousu comme tout le monde à l’époque… c’était il y a douze ans déjà !
Merci à Tiphanie pour ce prêt !
« Je cherche déjà à la transformer en héroïne, je commence à la bricoler. J’aimerais savoir ce qui l’anime, comment elle emplit sa vie, ce qu’elle ait de toute cette solitude. Mais je me contente de l’interroger sur son armoire de noces. »
« Les roses fauves poussent de nouveau quelque part, leur parfum de chair tiède me monte à la tête. »
« Je vis entre deux mondes et il m’arrive de ne plus distinguer l’un de l’autre. »